Sur la route de Saigon

 

Le voyage commence dès qu'on sort de chez soi

 

 Le Vietnam. Plusieurs personnes m'ont demandées pourquoi j'avais choisi ce pays. Et bien en fait je n'ai qu'à moitié choisi ;)

C'est après avoir passé la moitié de la journée à discuter voyage avec une amie que, n'en pouvant plus, j'ai craqué et acheté un billet d'avion pas franchement cher en direction de l'Asie du sud-est qui m'avait laissé de si bons souvenirs. La destination ? Le Vietnam !!

 

On a beau penser qu'un voyage à l'étranger débute lorsqu'on met un pied sur le sol étranger, c'est faux ! Le voyage commence déjà dans votre tête dès lors que vous le préparez, mais bon, ceci peut encore s'apparenter à de la rêverie... Bon admettons. Mais en tous cas, vous êtes bel et bien (et physiquement) en voyage dès lors que vous quittez votre petit chez vous avec votre sac-à-dos.

 

En ce qui me concerne, je quitte le village d'Orbey, où j'ai passé le dernier mois à travailler. Des collègues me déposent à la sortie du village avec mon petit bout de carton et ma destination inscrite dessus. Et hop ! C'est parti !! ON THE ROAD AGAIN !!

Et si une chose est maintenant acquise pour moi, c'est que dès lors que vous partez « en vadrouille », la magie du voyage vous accompagne (à condition d'oser faire quelques trucs quand même).

 

Allez, environ 4 minutes, 37 secondes et 6 dixièmes plus tard, une belle voiture de sport rouge et noire (allez le stade) s'arrête et un gars me propose de monter. L'homme s'appelle Julien et est un militaire en permission. Il va jusqu'à Metz, à plus de 300 km, où il doit être à 11h... Il est 10h30.

Ah oui en effet je comprends pourquoi il disait être pressé... En même temps ça explique les pointes de vitesses à plus de 140 km/h sur les petites routes de montagnes... Je me cramponne à mon sac et mes basket... Arrivé à destination (plus tôt que prévu du coup... Comme quoi ça marche bien le stop en France ;) ), Je pars en covoiturage direction Paris où je passerai deux nuits chez un pote avant de prendre l'avion direction le Vietnam. Mon vol se découpe en 3 parties. Un premier vol de 6h jusqu'à Abu Dhabi, une escale nocturne de 12h là-bas puis un autre vol de 6h jusqu'à Saigon (Ho Chi Minh ville). La première partie se passa très bien puisque j'eu la chance d'avoir une voisine de siège très agréable et intéressante ! Figurez-vous qu'elle allait en Inde ! A Jaipur plus exactement, dans le Rajasthan. Elle y allait seule et m'expliquait un peu son amour pour ce pays qui me rappelait forcément une certaine compagne de voyage, elle aussi amoureuse de l'Inde ;) Nous passons le premier vol a discuter de nos voyages respectifs et de fil en aiguille, j'en viens inévitablement à lui parler de ces 10 jours de bénévolat que nous avons fait à Bodhgaya. Cela semble piquer son intérêt alors je détaille un peu (l'école, l'association, le lieu, les pèlerins...). Elle semble si intéressée qu'elle me demande les coordonnées de Mahendra, le directeur de l'école !! Les pauvres n'ont pas eu de volontaires depuis que nous avons quitté Bodhgaya il y a un an et demi !! J’espère vraiment qu'elle décidera de s'y arrêter et de vivre la même expérience que nous avons eu. Notre avion atterri et nous nous séparons juste avant la douane.

 

Et là, c'est la partie chiante de tout voyage. Car si l'avion en lui-même peut se supporter, les escales, elles, sont de véritables plaies lorsqu'elles traînent en longueur.

 Après avoir déjà expérimenté la « joie » d'une escale de 18h à Singapour, une escale de 12h à Abu Dhabi (qui plus est en pleine nuit) ne m'excitait pas vraiment... Les voyageurs semblant s'entendre sur le fait qu'il fait très froid à l'aéroport d'Abu Dhabi à cause de la clim, je décide de récupérer mon sac durant l'escale pour pouvoir accéder à mon sac de couchage en cas de besoin. Grand mal m'en a pris...

 

En effet, je n'y avait pas vraiment réfléchi plus que ça mais après avoir récupéré mon sac, il faut que je le ré-enregistre pour le vol suivant, mais je ne pourrais pas le faire avant 4h30 demain matin et il n'est que 21h... je vais donc devoir attendre dans le terminal des départs. En soi cela ne me gênait pas plus que cela mais lorsque j'arrive dans le terminal en question je déchante un peu. Les sièges ont tous des accoudoirs, donc impossible de s'allonger, le sol est en carrelage glacé par la clim et il n'y a absolument rien ni personne dans la place (excepté un type de l'équipe d'entretien tellement mou qu'on dirait que c'est sa serpillière qui le traîne!). Bref, nuit de folie en perspective...

 Je n'aurai finalement pas fermé l’œil de la nuit ni même bougé de ma chaise, la ville étant à 20km de l'aéroport, avec mon gros sac et le prix (exorbitant) du taxi, je ne me sentait vraiment pas... Finalement, à 4h30 du matin, je vais faire enregistrer mon sac (je n'aurai même pas utilisé mon sac de couchage en plus...) et je passe les douanes pour attendre encore 4h au milieu des bijouteries et parfumeries détaxées avant de finalement dormir 5h dans l'avion qui me conduit finalement jusqu'à Saigon.

 

 

Je suis enfin arrivé !! Le temps de récupérer mon sac et de sortir de l'aéroport et je rencontre Dzung (prononcez « yom »... oui je sais, les lettres ne correspondent pas franchement mais c'est comme ça qu'il l'écrit donc bon...), un homme d'une trentaine d'année qui va m'héberger pour les deux prochaines nuits à Saigon. Il a eu la gentillesse de venir me chercher à l'aéroport avec sa moto (attention, je dit moto mais faut pas vous imaginer une ducati ou un gros truc hein. C'est plutôt des mobylettes les motos là-bas...). Il me file un casque et en avant ! Me voilà parti dans un tumulte de motos qui déboulent dans tous les sens en klaxonnant juste pour le plaisir de klaxonner. C'est un véritable capharnaüm qui me rappelle évidement l'Indonésie et la Thaïlande. Cette ambiance si particulière de l'Asie du sud-est me manquait :)

 

Ho Chi Minh City est une grande ville. Et qui dit grande ville, dit beaucoup de circulation avec des carrefours plutôt imposant. Mais apparemment, ils ne le sont que pour moi. Les scooters et autres deux-roues se croisent et s'entrecroisent dans le bazar et la décontraction la plus totale ! Ici, les voitures se font rares et ont toutes les peines du monde à se frayer un chemin. Nous arrivons chez mon hôte, dans un petit appartement un peu miteux (disons les choses) au bout d'une petite rue biscornue aussi large que la moto. Il me fait visiter les lieux et me montre l'endroit où nous allons dormir. Oui, nous, car nous partageons le même matelas. Ah ben dit donc, quel accueil... Chaleureux. Ce vieux matelas posé à même le sol (d'où s'échappe un énorme cafard apparemment pas content) sera mon hôtel 4 étoiles pour les 2 prochaines nuits. Mais bon, avant de dormir, allons manger quelque chose. Dzung m’emmène dans une petite gargote où l'on nous sert 2 excellentes soupes. La nourriture Vietnamienne est réputée pour sa diversité et ses saveurs et j'étais pressé d'y goûter ! Je ne suis pas déçu ! Les nouilles sont succulentes et le bouillon... encore meilleur !! Les vietnamiens utilisent pleins d'herbes fraîches dans leur cuisine et les parfums sont parfaitement équilibrés !!

 

Repus, nous rentrons, je prend une bonne douche et au dodo !! Le voyage à été épuisant et demain il faut se lever tôt car Dzung travaille.

 

La nuit fut ponctuée de plusieurs bruits, tels que des coups violents sur le toit, provoqués d'après ce que m'a dit Dzung, par la chute des fruits d'un arbre se trouvant la-haut... je fut également réveillé à 3h du matin par Dzung qui, dans son sommeil (je crois qu'il est somnambule), faisait tout un tas de bruits étranges... C'est flippant. Les journées étant encore chaude et humide dans le sud du Vietnam, nous dormions sans couverture, mais vers 2h du mat', il commence à faire frais et je constate avec tristesse que Dzung essaie désespérément de se réchauffer en se couvrant d'une vieille serviette de bain toute fine... Ce sont, comme d'habitude, toujours les plus démunis qui ont le cœur sur la main... A 6h du matin, un bruit strident et continu me tire de mon sommeil. Des gamins semblent s'amuser dans une cours de récréation... Ah oui, Dzung m'avait dit qu'il y avait une école primaire juste derrière son appartement... Ah ben au moins, ils ont la forme les jeunes ici à 6h du mat...

 

Après une nouvelle soupe pour le petit déjeuner (toute aussi bonne que la veille), Dzung me dépose dans le centre ville et pars travailler. Il ne rentrera pas avant 20h, j'ai presque 12h devant moi. J'en profite pour aller m'acheter une carte SIM locale. Ensuite, je pars me balader. Je commence par l'église de Notre-Dame... Oui, oui, je suis toujours au Vietnam. Mais à Saigon, les vestiges de la colonisation française se voient beaucoup dans l'architecture. Aussi, la plupart des bâtiments importants et autres monuments sont de style architectural français. Pas top niveau dépaysement de ce côté-là ;) Bref, revenons à notre église. Le monument, idéalement situé, semble très prisé des jeunes mariés. En effet, les couples en smoking et robe de mariée défilent en continu avec leurs photographes attitrés qui doivent bénir cette église pour le business qu'elle leur offre ! Loin des jardins luxurieux, le shooting photo de mariage se fait en plein centre ville, avec l'église en arrière-plan. Et pour avoir le meilleur angle, les couples et leurs photographes n'hésitent pas à se planter en plein milieu de la route !! Mais, encore une fois, tout le monde trouve ça normal (j'imagine qu'ils sont habitués). Mais bizarrement, la photo de mariage avec le vendeur de légumes ambulant à côté ça ne me fait pas rêver...

 

Je continue mon petit tour jusqu'au parc botanique de la ville qui fait également office de zoo. Je suis pas franchement fan de zoo mais comme je n'y suis pas allé depuis des années je tente le coup. Et là, je me souviens pourquoi je n'aimais pas ça. Les pauvres animaux sont amorphes dans leurs enclos absolument pas entretenus. J'ai l'impression de lire la tristesse sur leurs visages... Je profite néanmoins du calme relatif du parc pour reposer mon crâne qui commence à résonner un peu à cause de tous les klaxons. Au final, les seuls animaux qui ont l'air d'être vraiment heureux, ce sont les moustiques, qui profitent pleinement de l'humidité apportée par les plantes et du repas qu'ils sont en train de se faire sur mes jambes... A l'entrée du parc, se trouvent un petit temple et le musée d'histoire naturelle de Saigon. Je commence par le temple car il y en a extrêmement peu dans le centre de la ville. Même si celui-ci est tout petit, j'apprécie toujours autant la quiétude qui se dégage de ces lieux de cultes bouddhistes. Quelques offrandes de fruits reposaient sur un petit autel richement décoré et coloré. Je n'irai malheureusement pas au musée, juste en face, car il fermait juste ses portes.

 

Je continue ma balade sans rien noter de vraiment intéressant étant donnée que la majorité des monument reposent sur leur architecture... J'irai cependant rapidement au musée de la guerre du Vietnam, que l'on m'a conseillé d'aller voir, où j'aurai la chance d'admirer tout un tas de photos de corps mutilés qui me démontrent bien à quel point les américains ont été atroces.... Bref, je n'y resterais de toute façon pas plus longtemps puisqu'il est 17h, et que j'ai rendez-vous avec un professeur d'anglais qui m'a contacté via le site de couchsurfing pour que je rencontre quelques-uns de ses étudiants pour un échange culturel en anglais.

 

Il m'emmène sur son scooter jusqu'à une école où je rencontre quelques jeunes vietnamiens d'une vingtaine d'années. Un couple de belges nous rejoint également. Les étudiants nous emmènent de l'autre côté de la rue pour manger un morceau. Il commandent tout un tas de petites choses et nous montrent comment les « assembler » pour en faire différents rouleaux de printemps ! Petit cours de cuisine et dégustation improvisé au frais du prof, durant lequel nous échangerons avec ces 4 étudiants en économie. Ils ont tous plein de questions, et nous aussi :) le repas est délicieux, l'ambiance aussi, même la pluie ne nous dérange pas et fini par jeter l'éponge.

 

Puis nous retournons à l'école, où une vingtaine d'autres étudiants nous rejoignent. Nous faisons deux groupes, les belges dans une classe, moi dans une autre. Les étudiants commencent d'abord par se présenter (ils ont préparé des fiches) et je peux ainsi me faire une idée de ce qu'il est important de savoir ou du moins, de ce qui leur tient à cœur. Je constate qu'ils prennent tous soin de me donner leur nom en entier (alors que j'ai déjà du mal à comprendre le prénom) et leur signification. Car en effet, au Vietnam, les noms ont tous des significations et peuvent être quasiment n'importe quoi. Parfois, ils reflètent même l'humeur du parent au moment où il l'a choisi (même s'il y a désormais une loi qui empêche les noms du genre « je te désirai pas petit con »).

 

Ils me montrent également leurs villes d'origine sur une carte du Vietnam dont ils me feront cadeau à la fin. Seulement l'un d'entre eux est originaire de Saigon. Une fois que tous le monde s'est présenté, je leur demande de me donner un endroit au Vietnam qu'ils ne connaissent pas et où ils aimeraient aller. La question semble un peu les surprendre. Voyager est une chose qu'ils voudraient tous faire mais qui leur semble tellement inaccessible financièrement qu'ils ne se posent même pas la question des endroits qu'ils aimeraient visiter. Mais ils se prêtent au jeu et tous le monde me trouve une destination. Évidemment, certains endroits reviennent souvent, des endroits réputés comme Sapa ou Hoi An.

Pour finir notre entrevue, je leur parle un peu de la France. Je leurs demande s'ils connaissent des villes (l'un d'eux connais toutes les villes qui ont un club de foot en Ligue 1!!!), je leur dessine (mal) une carte de France, avec Paris, Toulouse, Marseille, et les autres villes qu'ils connaissent, les pays voisins et quelques autres trucs... J'aurai pu rester parler des heures avec eux mais il est presque 9h et les élèves doivent partir. Une petite séance photo avant de partir et chacun enfourche sa moto avant de partir dans un concert de klaxons.

 

 

Je rejoins Dzung en ville et nous allons boire la bière locale sur le toit d'un immeuble qui nous donne une magnifique vue sur la ville toute illuminée. Le cadre est super sympa, la bière pas mauvaise (et pourtant je suis exigeant ;) ), l'air est bon, tout est là pour passer un bon moment.

 

 

Le lendemain, Dzung me dépose une dernière fois en ville avant d'aller travailler. Je le remercie chaleureusement pour son accueil et lui dit au revoir.

 

 

Je prend l'avion en début d'après-midi pour Ha Noi, la capitale, au nord du pays. Mais avant, je dois rencontrer Mai, une jeune femme qui m'a contacté via le couchsurfing et qui me propose de me faire découvrir un peu la ville en moto. Profitant du véhicule, on s'éloigne un peu du centre-ville pour aller voir une pagode et son temple. Jusque là, je n'ai vu que le petit temple du parc botanique et celui-ci est autrement plus grand. Je commence à remarquer quelques similitudes avec le temple d'hier, telles que certaines couleurs (vert, jaune et rouge notamment), et des autels extrêmement beaux. Des statues de bouddha et d'autres figures emblématiques en cuivre (ou bronze) entourées d'encens et de bougies sont disposées au centre de la salle principale. Dans le micro, un moine chante la prière.

Nous prenons un café, discutons un peu et elle me dépose à l'aéroport.

 

 

Au bout de même pas deux jours, j'aurai fait de belles rencontres, enrichissantes. La ville en elle-même ne m'a pas parue très intéressante mais Dzung m'avait dit qu'Ha Noi me plairait probablement plus, du fait de son aspect plus traditionnel. Ho Chi Minh city étant plus occidentale.

 

 

J'ai déjà hâte d'y être :) On the road again !

Ha Noi, la capitale


Hmmm ! miam !!


Après un vol de deux heures, j'arrive à Ha Noi, la capitale du pays. Il est environ 17h quand j'arrive et je dois rejoindre le centre-ville pour retrouver Trang (prononcez Chan) qui va m'héberger pendant 4 jours. Je monte dans le bus et au bout de quelques minutes, je commence à bavarder avec la dame assise à côté de moi. Elle s'appelle Nhan, parle plus ou moins bien l'anglais et travaille à l'enregistrement des vols domestiques pour Vietnam Airlines. Elle me dit avoir l'habitude de voir des étrangers durant son travail mais que c'est la première fois qu'elle discute avec quelqu'un dans le bus, les touristes prenant tous le taxi pour rallier le centre-ville. Et c'est vrai que je suis le seul étranger dans le bus... Trang m'avait dit de changer de bus à Nghia Do, et le chauffeur m'avait dit qu'il m'indiquerait l’arrêt correspondant mais finalement, il me vire sans cérémonie au terminus du bus !! Me voilà en plein centre-ville (mais où ? zatiz ze kouechtione) de nuit, sous la pluie avec mes deux sacs. J'adore cette situation qui, bizarrement, se présente dans chaque pays ou je passe :p

Heureusement, une jeune étudiante, voyant mon embarras, m'indique le bus à prendre pour aller au point de rendez-vous convenu avec Trang. On peut toujours compter sur la gentillesse des gens :)

 

Je retrouve donc Trang avec un peu de retard. Elle me fait tout de suite bonne impression, souriante, de bonne humeur et pas du tout agacé d'avoir tourné pendant 1 heure sous la pluie pour me retrouver ! Mais ne papotons pas sous la pluie, nous aurons le temps de faire connaissance au chaud et au sec. Après un voyage de 20 minutes en scooter, nous arrivons chez elle, un superbe appartement au 15ème étage d'un building en banlieue de Ha Noi. J'aimerai bien avoir un truc comme ça en France. Ça paye de bosser dans la finance. Elle m'invite à poser mes affaires et prendre une douche. La douche, comme toutes les douches d'Asie du sud-est, est dans la même pièce que les toilettes et n'est pas compartimentée, c'est-à-dire qu'on peut très bien se doucher en étant assis sur la cuvette des chiottes. Pratique dans un sens...

 

Deux amies de Trang nous rejoignent (Huong et Moon) et toutes les trois, elles décident de m'emmener dans un restaurant coréen. Nous prenons un taxi et allons dans un restaurant un peu plus loin. Là, elles commandent tout un tas de plats qui me sont inconnus (bon, sauf le riz quoi...) et en avant la dégustation ! C'est un poil épicé mais délicieux. Comme dans beaucoup de repas en Asie, il y a plein de plats et il faut piquer un peu de ceci, un peu de cela et faire sa propre composition. Du riz, de la viande, des sauces, des légumes et des herbes en tout genre, voilà ce qui se trouve sur la table ! On mange, on rigole, on fait connaissance (même si Huong ne parle pas l'anglais) et c'est une très bonne première soirée dans la capitale vietnamienne !!

 

Le lendemain, Trang part travailler et comme elle n'a qu'une seule clé, je dois quitter les lieux à la même heure. Elle m'indique quels bus prendre et part travailler. Je descend dans la rue et me poste à l'arrêt qu'elle m'a indiqué, sous les regards étonnés des locaux qui n'ont visiblement pas l'habitude de voir un étranger prendre les transports en commun. Dans le bus, là encore, je suis le centre d'attention. Ceci dit, contrairement à d'autres pays, les vietnamiens ne font pas cas de ma présence plus de quelques secondes. Une fois qu'ils m'ont remarqué, ils détournent leur attention de moi et retournent à leurs conversations. Dans certains pays, les gens m'avaient dévisagés tellement fort et sans aucune pudeur que ça me gênait. Ici, je ne me sens pas épié.

 

Arrivé en ville, je commence ma petite visite au gré de ce que je trouve sur ma route. Juste à côté de l'arrêt de bus, se trouve le musée d'histoire du Vietnam. C'est un bâtiment à l'architecture d'inspiration française qui renferme tout un tas de pièces de collection des différentes époques de l'histoire du Vietnam, de la préhistoire à nos jours. Des ossements des premiers hommes jusqu'aux magnifiques statues de Bouddha en passant par des stèles gravées dans une écriture ancienne, ce musée regorge de trésors dont une partie est consacrée au bouddhisme. Je ne peut malheureusement pas en apprendre beaucoup car les explications sont toutes en vietnamien mais je peux malgré tout remarquer un certain nombre de similitudes avec l'Inde. Ce n'est d'ailleurs pas surprenant puisque les origines du bouddhisme trouvent leurs source à Bodhgaya, en Inde, où Bouddha reçu l'illumination. Ainsi, j'ai pu remarquer que l'écriture, avant de s'inspirer du chinois, ressemblait fortement à l'hindi. De même, les noms de certaines figures du folklore vietnamien ont une étrange ressemblance avec les noms indiens. Et surtout, la pièce maîtresse du musée est une statuette de Vishnu lui-même, un des dieux les plus important du panthéon hindou. Sa représentation est évidement différente de celle qu'en ont les indiens mais il s'agit bien du même personnage. C'est dommage que tout soit écrit en vietnamien car j'aurai beaucoup aimé en savoir plus là-dessus.

 

Je quitte le musée et continue ma balade en direction du centre. Les rues sont toutes aussi grouillantes qu'à Ho Chi Minh City mais la verdure et l'architecture locale y sont tout de même plus présentes. J'arrive sur les vieux quartiers dont l'un des points important est le petit lac de Hoan Kiem (c'est même plutôt un étang) sur lequel se trouve, d'une part, un petit monument (j'ai pas réussi à savoir ce que c'était) et, de l'autre côté, un temple auquel on accède par un pont. Les berges du lac sont piétonnes et ont l'air assez vivantes. J'aurai l'occasion d'y revenir. Autour du lac, les magasins semblent prendre de l'importance. De grosses enseignes comme KFC ou Starbucks font leurs apparition. Je suis vraiment à un carrefour important ici. Les petits commerces aussi se multiplient. Toujours étonnamment rangés par thème et par rue. Ainsi, dans une rue, on ne trouvera que des boutiques vendant toutes les même godasses. La rue d'à coté vendra des babioles en tout genre, celle encore à côté vendra des pièces auto etc... Mais ce qui vous montre vraiment qu'on est dans un quartier « branché », c'est la présence des étrangers. En effet, je croise des occidentaux ou des troupeaux de chinois ou de japonnais dans tous les sens. Ici, c'est le centre de la vie de Ha Noi.

 

Après avoir pris quelques clichés du petit édifice au milieu du lac, j'emprunte le pont pour voir le petit temple de Ngoc Son. Le pont en lui-même vaut déjà le coup d’œil. En bois et peint d'un rouge vif, il semble très populaire au vu du nombre de gens qui se prennent en photo dessus. Le temple, minuscule, tout serré sur son îlot est bondé de touristes, si bien que les locaux semble avoir du mal à prier en toute quiétude. Certains touristes faisant vraiment montre d'un sans-gêne et d'un non-respect sans bornes. Dans le temple, une statue grandeur nature d'une tortue bien particulière (dont le nom, en vietnamien, ne me dit rien) semble liée à ce lac et à une légende qui ressemble étrangement au récit d'un certain roi Arthur et de son épée Excalibur... ;) J'adore ce genre de « coïncidences » qui nous prouvent bien que les cultures voyagent et que les différences sont notre plus grande richesse et notre plus grande source d'inspiration.

 

 

 

Au détour d'une rue, je trouverai le temple de Ba Da. Un petit temple caché au milieu d'un pâté de maison, accessible depuis une minuscule arche a peine visible depuis le trottoir. En Asie, dès que l'on quitte la rue pour s'engouffrer dans un temple, le brouhaha incessant des véhicules et des commerçants s'estompe d'un coup pour laisser la place à une quiétude et un climat si reposants que j'en oublie tout et vis l'instant présent à fond ! L'autel de ce temple est époustouflant ! Sept statues gigantesques de Bouddha sont disposées au milieu d'offrandes diverses telles que fleurs, fruits, photo, argent etc... Les jeux de lumières sont parfaitement réglés et la chanson du moine résonne dans l'édifice. Je me sens tellement bien que je ne prend même pas de photos. Je vis le moment présent, tellement reposant et ressourçant au milieu des fidèles, tel l'un des leurs. Je ne cherche nullement la spiritualité mais seulement me retrouver seul avec moi-même l'espace de quelques minutes qui me font un bien fou (d'ailleurs, peut-être est-ce cela la spiritualité).

 

Je ressort, mon appareil photo vide mais mon esprit et mon cœur tout sourire :)

 

La journée se continue ainsi, me baladant au gré de mes envies, m'arrêtant à l'occasion pour speaker l'english good avec quelques étudiants, tout aussi content de parler anglais que de rencontrer des étrangers puis je rentre chez Trang. Lorsque je rentre, elle est en train de préparer le repas. Une multitude de petits plats dans lesquels on pique ce que l'on veut.

 

Le lendemain, c'est le week-end ! Trang ne travaille pas et aujourd'hui, elle m'emmène visiter Ha Noi. Nous partons donc en scooter (j'adore me retrouver au milieu de centaines de scooter. J'ai l'impression de faire partie de cette vie tumultueuse) direction le musée ethnologique du Vietnam. Trang dit adorer venir visiter ce musée car il est un concentré de la culture du pays. Et en effet, il renferme de nombreux objets et explications sur les différentes ethnies du Vietnam. Il y a environ une cinquantaine de tribus différentes dans les campagnes vietnamiennes et le musée a pris soin d'exposer au moins une spécificité de chacune d'entre elles, de la fabrication de bijoux et d'outils à la construction de leurs habitations en passant par l'exercice de leurs croyances. Nous aurons la chance d'assister à une petite représentation d'une pièce de marionnettes aquatiques. Il s'agit d'un art pratiqué au Vietnam, c'est comme des marionnettes classiques mais dans l'eau, les marionnettistes se cachant derrière la scène. Les musiques (principalement des percussions) et les voix off sont jouées en live, juste à côté du plan d'eau. Nous pourrons également visiter des reconstructions des habitations typiques de certaines des tribus présentées précédemment. Malgré les protestations de Trang, je trouve que ces tribus ont énormément de points communs avec les tribus des montagnes de Thaïlande. Les costumes, les coutumes, les habitations en bambou, les métiers à tisser... Tout est étrangement similaire... Et rejoint ce que je dis plus haut au sujet de la légende du lac d'Hoan Kiem.

 

Nous allons manger une soupe (toujours plus délicieuse que la précédente) et nous nous dirigeons vers la toute première université du Vietnam, créée il y a environ 1000 ans. Ce n'est aujourd'hui plus une université mais plutôt un lieu touristique où des autels ont été érigés à la gloire du roi de l'époque et du tout premier professeur qui eut l'initiative de monter cette université. Mais nous ne sommes pas seuls lorsque nous arrivons sur les lieux. Des centaines de jeunes étudiants tous sur leur 31 se massent à l'intérieur de l'ancienne université. Trang m'explique qu'ils viennent de passer leurs examens avec succès et qu'ils investissent les monuments importants de la ville pour célébrer l'obtention de leurs diplômes. Les filles sont vêtues de robes traditionnelles vietnamiennes et les garçons sont en costard-cravate. Les diplômés revêtent en plus une tenue composée d'une robe bleue et d'un chapeau carré identique à celles que revêtent les américains pour célébrer le même événement. Les jardins sont magnifiques, de belles pelouses agrémentées d'arbustes sculptés en forme d'animaux et des compositions florales de toutes beauté. La fête est au rendez-vous et, de même que pour les mariages à Ho Chi Minh city, les photographes sont de la partie. D'ailleurs, je remarque qu'énormément d'étudiants ont de coûteux appareils photo. Interrogeant Trang à ce sujet, elle me répond que, d'une part, il existe un fossé social assez important entre les étudiants au Vietnam et que donc, une moitié d'entre eux sont très fortunés et que, d'autre part, les jeunes vietnamiennes adorent poser. L'appareil photo se transforme donc en un outil séduction non négligeable pour tous ces étudiants au summum de leur activité hormonale ;)

Les célébrations battent leur plein, lancer de chapeaux, poses photo en tout genre... Nous nous frayons un chemin jusqu'au fond de l'université où se trouvent les autels du roi et du professeur. Ici, nulle quiétude comme au temple de Ba Da puisque le lieu n'est pas religieux. Les touristes et les étudiants s'en donnent donc à cœur joie pour prendre des photos des statues sous toutes leur coutures. Je suis vraiment content de pouvoir assister à un tel événement, incontournable dans la vie de tout étudiant vietnamien (même si, malheureusement, tous n'ont pas la chance de pouvoir étudier) Le lieu, très grand et assez vide, regorge de vie et de joie, et être au milieu de tout ça est plaisant au plus haut point. Nous nous rendrons également à l'ancien palais royal, où d'autres étudiants fêtent de la même manière leur diplôme.

 

En sortant du palais, nous passons devant un petit terrain tracé à même le trottoir, coincé entre 3 scooters, où deux hommes jouent au sport local, le jianzi. C'est un sport à mi-chemin entre le badminton et le foot thaïlandais. De chaque côté d'un filet, les joueurs se renvoient une sorte de volant en ne s'aidant que de leurs pieds. Dis comme ça, ça a l'air tout bête mais je peux vous assurer que c'est loin d'être simple. L'objet est tellement petit qu'il faut être très précis pour le rattraper et encore plus pour le renvoyer à l'endroit voulu ! Les « grands » footballeurs peuvent (encore) aller se rhabiller !

 

Le soir tombe et nous retournons en centre-ville. Nous nous arrêtons au bord de la route dans un petit resto pour prendre l'apéro. Je demande à Trang de nous commander quelque chose de typiquement vietnamien. Au bout de deux minutes, le serveur revient avec deux bières locales, deux galettes de riz au sésame et un plat au contenu inconnu et très suspect... A première vue, on dirait de gros lombrics posés sur des feuilles. En regardant de plus près, je m'aperçois qu'il ne s'agit pas de ça, mais c'est pas franchement appétissant... Translucides, roulés dans une espèce de poudre brune, les petits filaments ne font vraiment pas envie. Trang m'explique qu'il s'agit de porc... Mouais... Chui sceptique quand même là... Mais bon, c'est pas grave, faut goûter pour pas mourir idiot (je me dis aussi qu'à force de me dire ça je mourrai très intelligent mais probablement plus tôt aussi!!). Je m'exécute donc en suivant la procédure locale : quelques bout de porc dans une feuille verte le tout roulé (ça fait partie de toutes ces choses que les vietnamiens appellent rouleaux de printemps) et hop ! On balance dans la bouche ! Et bien mesdames zé messieurs, c'est délicieux ! J'ai pas très bien compris de quoi il s'agissait exactement mais en tout cas c'est très bon, malgré l'aspect peu ragoûtant ;)

 

Plus tard, nous rejoignons une amie de Trang et son frère pour une soirée vietnamienne !! Dans une grande ville comme Ha Noi, peu de différence avec une soirée occidentale : on boit, on danse, on fait les fous, on se lâche... et on recommence ! La seule différence notoire c'est qu'en boite, si tu n'as pas de table attitrée, tu ne peut pas rester. Si toutes les tables sont prises, même s'il y a encore de la place pour danser, on ne t'accepte pas.

Le lendemain, Trang et moi nous baladons de nouveau à Ha Noi. On flâne, on profite de la journée et moi pour acheter un tour sur la baie d'Ha Long au départ d'Ha Noi dès demain, pendant 2 jours. Au Vietnam, pour réserver un hôtel, un bus, un train ou un séjour, il faut passer par ces relais tourisme qui poussent comme des pâquerettes un peu partout : les Sinh-cafés. Ce sont de minuscules agences qui vendent tous les mêmes prestations, présentées avec les mêmes photos, dans les mêmes catalogues. La seule chose qui change, c'est le prix. Négociation oblige... Je comprendrais plus tard que les principaux sites touristiques du pays sont probablement contrôlés par une seule et même compagnie qui doit imposer un prix fixe identique à chaque agence. Cette dernière est ensuite libre de vendre à un prix plus élevé pour se faire des bénéfices... Le tout c'est de ne pas se faire avoir.

 

Lundi matin, je dit au revoir à Trang et la remercie chaleureusement pour son merveilleux accueil et pour avoir pris le temps de me montrer les environs. J'ai vraiment passé 3 jours super ici en compagnie de Trang et ses amis. J'ai préféré Ha Noi à Hô Chi Minh ville même si j'ai passé moins de temps dans la deuxième... Les traditions sont plus vivaces et plus présentes dans la capitale qu'à Saïgon où l'urbanisation « à l'occidentale » est bien plus prononcée.

 

Je retourne en centre-ville, à l'agence où j'ai acheté un petit circuit de deux jours en bateau sur la baie d'Ha Long. Un mini-bus passe me récupérer et c'est parti pour ma prochaine destination !!

La baie d'Ha Long


La baie d'Ha Long est mystérieuse... je comprend pourquoi...


Je quitte Ha Noi dans mon mini-bus, rempli d'occidentaux, avec moi, des espagnols, des français, des russes, des belges, une femme coréenne sublime que tous les mecs du bus reluquaient et son mari beaucoup moins sublime qui surveillait tous les mecs du bus (le pauvre)... bref, les architectes de la tour de babel que nous étions faisions route vers Ha Long, la ville portuaire d'où partaient les bateaux qui proposaient des promenades de un à trois jours. J'avais acheté à Ha Noi, un circuit de deux jours avec une nuit à bord du bateau.

 

Mais avant d'aller plus loin, revenons un peu en arrière, de retour dans cette agence de Hoan Kiem, quartier touristique de la capitale vietnamienne. J'avais déjà visité deux ou trois autres agences pour la même prestation et j'essayais de trouver le moins cher. Les prix qu'on m'avait proposé variaient déjà du simple au double pour EXACTEMENT la même chose, au détail près, à savoir :

 

Départ de Ha Noi à 8h du matin en mini-bus et arrivée à Ha long à 12h. Embarquement immédiat sur le bateau avec déjeuner à bord. Visite de la baie jusqu'à 14h puis 1h de visite d'une grotte. 2H de bateau en plus dans la baie puis 1h de Kayak après quoi, un repas nous serait servi. Le soir, des animations telles que karaoké ou pêche nous seraient proposées. Le lendemain, lever tôt pour admirer le lever du soleil puis nous continuerons notre tour de la baie après le petit déjeuner. Escale sur une ile et visite d'une grotte puis retour vers le port par une autre voie maritime. Arrivée au port à 12h, repas au restaurant puis retour à Ha Noi. Arrivée prévue à 17h.

 

Dis comme ça, c'est plutôt alléchant. Je me moque pas mal du karaoké mais le reste fait tout de même super envie. (je ne peux m'empêcher de repenser à cette journée en Australie sur la grande barrière de corail... Tout avait été parfait!!)

La réalité a malheureusement été légèrement différente...

 

Retour dans le bus donc. L'homme qui se présente comme le guide mais parle un anglais absolument incompréhensible nous demande nos vouchers et les mauvaises surprises commencent déjà pour certains. Quatre français qui avaient payé pour trois jours d'excursion apprennent donc que leurs repas ne sont pas compris dans le prix et qu'ils devront payer plus une fois sur place alors que l'agence leurs avait vendu une prestation tout compris. Mauvais départ là...

 

Nous arrivons au port et j'ai déjà une mauvaise impression de ces hommes qui se présentent comme guide et qui nous trimbalent avec eux en nous gueulant dessus comme du simple bétail. A la gare maritime, les occupants (et les « guides ») de plusieurs autres mini-bus nous rejoignent. Les guides se retrouvent et commencent à s'échanger les vacanciers selon la durée de leurs séjours et du nombre de places dans le bateau... Apparemment, rien n'est planifié. Une heure durant, des groupe seront formés, déformés, déplacés, certains partiront tandis que d'autres resteront puis finalement certains reviendront... Personne ne comprend rien et si par malheur, quelqu'un s'éloigne un peu du groupe qui lui à été attribué, il se prend une engueulade magistrale devant tout le monde !! c'est limite s'il ne se prend pas une baffe au passage...

Leur petit jeu des chaises musicales commence sérieusement à tous nous gonfler, d'autant plus que l'horaire n'est pas respectée. Les groupes sont finalement définis et nous partons tous vers l'embarcadère où nous attendrons encore une bonne demi-heure avant d'embarquer sur un vieux bateau blanc en ruine...

Nous sommes sur le navire !!! Alléluia !! Hola moussaillons, hissez la grand voile et larguez les amarres !! Bon, on s'excite pas trop non plus... Nous posons tous nos sacs dans un coin et passons à table. La nourriture est absolument infâme mais je mange quand même parce que j'ai faim. Dès la fin du repas, un bateau nous aborde et nous dépose trois belges en retard... Nous pouvons enfin partir visiter la baie d'Ha Long !! Avec 2 heures de retard... Au bout de 20 minutes, nous passons le premier rocher dit « pain de sucre » (allez savoir pourquoi ça s'appelle comme ça) et nous faisons déjà une halte. Nous débarquons sur une petite île pour visiter une grotte. La caverne est magnifique et imposante mais les vietnamiens ont cru bon de mettre des spots lumineux colorés dans toutes les cavités. Du coup, on ne sait pas trop si on est dans une grotte ou une boite de nuit... la visite consiste en une traversée éclair de la caverne. Les guides nous ont montré l'entrée et nous ont attendus à la sortie...

 

Nous ré embarquons sur les bateaux et repartons. On nous donne nos chambres et là, deuxième couac. Comme leur pseudo-organisation-de-dernière-minute-à-l'arrache à l'embarcadère le laissait présager, il y a un souci dans la distribution des chambres. Philippe, un québecois à l'accent... Ben bien québecois quoi, avait réservé une chambre privative et payé 5$ de plus pour ce petit « privilège ». Or, il n'y a pas de chambre privative sur le bateau... Personnellement, j'ai une chambre pour deux personnes (à partager donc). Je propose qu'il la partage avec moi. Il accepte mais demande (logiquement) à être remboursé des 5$ qu'il avait déboursé pour avoir une chambre privée. Et c'est là que ça coince. Le guide ne veut pas lâcher un centime et propose toutes sorte d'alternative à Philippe qu'il refuse en bloc. Un vrai dialogue de sourd. Le guide viendra même me voir moi pour me proposer de filer la chambre au québecois et d'installer toutes mes affaires sur un autre bateau puis de revenir la journée sur ce bateau pour repartir sur l'autre bateau le soir... Bref, sentant le plan foireux, je refuse. Le guide finit carrément par s'énerver contre nous ! On lui rappelle « gentiment » que c'est quand même à eux de tenir leur part du deal qui a été fait à Ha Noi et on finit par s'arranger : j'ai le droit à deux bières gratuites et je donne 5$ à Philippe... Et le guide nous a dans le nez !

 

Bref, nous repartons de l'île et au bout d'une demi-heure de balade, nous nous immobilisons au milieu d'une petite crique et jetons l'ancre. Deux bateaux viennent s'amarrer au nôtre et trois kayak sont mis a dispositions pour les trois bateaux... Soit une cinquantaine de personnes... Le luxe ! Cependant, la petite demi-heure de kayak, loin du bruit infernal des moteurs du bateau, est extrêmement reposante, je laisse traîner mes mains dans l'eau qui doit avoisiner les 28°C et je profite des paysages qui, même sous la grisaille sont magnifiques et majestueux. L'endroit est calme et serein mais certaines choses me font dire que ce n'est qu'une image d'un temps reculé. Comme le fait que les habitants des quelques maisons sur pilotis se baladent sur des barques chargés de paquets de biscuits, de bouteilles de vodka ou de whisky et abordent les touristes avec un « hello, buy something » dénué de toute émotion. Un bien triste spectacle, les locaux achètent quelques trucs et jettent les emballages à l'eau. Ils semblent complètement insensibles à leur entourage naturel. Je réalise une fois de plus l'impact que nous, occidentaux, avons sur ces peuples qui vivaient, il n'y a pas si longtemps encore, en harmonie avec leur environnement. Que sommes-nous en train de faire d'eux... J'ai également remarqué que les bateaux qui circulent dans la baie sont absolument tous identiques. La flotte entière semble appartenir à la même compagnie (d'ailleurs il n'y avait qu'un seul guichet à l'embarcadère) et j'ai vu des centaines de ces bateaux au port...

 

Il est 17h, et nous sommes tous sur le pont, nous sympathisons. Il y a 3 belges, 2 françaises, 1 québecois, 2 russes et 3 espagnols. Nous sommes donc nombreux à parler français et cela nous amènera à sympathiser plus facilement. Jusqu'ici nous n'avons fait que 200 mètres dans la baie et nous n'avons franchement pas vu grand-chose de ce site à la réputation mondiale. Il commence à faire nuit, je pense que nous ne bougerons plus pour aujourd'hui. Le soir, après manger, les guides de tous les bateaux se rassemblent sur notre embarcation pour jouer aux cartes. Les paris sont pris dans tous les sens et les billets changent de mains au rythme des cris de joie et de déception. Je pense que pour la pêche, il vaut mieux oublier... Mais bon, c'est pas grave, les belges ont des cartes, alors on se fait notre soirée nous aussi. Au cours de la discussions, je demande à tout le monde combien ils ont payé pour la prestation. Et comme je vous le disais précédemment, les tarifs varient (beaucoup) d'une agence à l'autre. Je me rappelle ce trek en Thaïlande où nous avions payé 5 à 10 fois plus cher que les autres personnes...

Voici donc le classement : Je m'en sort le mieux avec 35$ tout compris. Les deux autres françaises viennent juste derrière avec 45$. Le québecois suit de près avec 50$. Mais la palme d'or incontestable revient aux belges qui le prennent même à l'auto-dérision (ils n'ont pas franchement le choix en même temps) puisqu'ils ont chacun payé 150$ !!!! Quand je vous dis que les prix varient d'une agence à l'autre... :p

Le lendemain, après une nuit difficile en compagnie des rats dans une chambre avoisinant la salle des machines (qui restent allumées TOUTE la nuit), je me réveille à 8h et, pensant être le dernier pour le petit dej', je me précipite sur le pont. Bon... finalement je suis le premier et je profite donc du silence du petit matin. L'air est doux et même si les nuages forment toujours une épaisse couche au dessus de ma tête, le soleil levant arrive à baigner la baie d'une lumière plus forte que d'habitude, me laissant ainsi profiter d'un beau spectacle. Nous ne décollerons qu'à 10h30, après le petit déjeuner et tout un tas de manœuvres bizarre et inutiles sur place. Point de visite d'île ou de grottes. Point de chemin de retour différent non plus. Nous faisons demi-tour et repartons exactement par le même chemin que nous avons emprunté pour venir ! Nous ferons donc les mêmes 200 mètres dans le sens inverse, sans rien voir de plus ! Nous débarquons à Ha Long vers 11h30, allons directement manger un énième repas dégueulasse au resto du port avant que les guides ne nous donnent « une heure de temps libre » !! La c'est le pompon !! Non seulement on a rien vu de la baie mais en plus on revient en avance pour avoir une heure à rien foutre à quai (à Ha Long, il n'y a rien a part l'embarcadère) ?? Là je suis vraiment déçu ! Même si ce que j'ai payé couvrait largement les dépense de bus, nourriture et logement, ce que je souhaitais c'était voir la baie d'Ha Long et je n'ai vu que trois petit caillou alors qu'on m'avait vendu autre chose !! Je suis franchement pas à cheval sur le confort ou la propreté ni même sur les activité mais le parcours qui m'avait été présenté n'a pas du tout été respecté ! Normalement, même si l'organisation et le confort laissent à désirer, une fois qu'un deal est passé, peu importe le prix convenu, le marché est respecté. Là j'ai vraiment l'impression de m'être fait arnaquer au-delà de tout respect ! Et je ne mentionne même pas l'attitude extrêmement désagréable des guides qui ne voyaient en nous qu'un désagrément.

 

On aura beau leurs trouver toutes les excuses du monde (comme: ils sont pauvres, ils ont pas le choix, ils voient des touristes tous les jours etc...), c'est la première fois que je me trouve face à une telle indifférence... Ça me déçoit profondément car c'est tout de même ce que je recherche quand je voyage... Un contact réel et sincère avec les gens... L'endroit était peut-être trop touristique...

 

Il faut passer à autre chose. De retour à Ha Noi, j'ai juste le temps de manger un pain vietnamien que je reprend un billet de bus direction Sapa, dans les montagnes, au nord-ouest du pays. L'endroit attire également beaucoup de touristes pour ses paysages et ses treks mais j'y vais pour autre chose. Demain, Peter, un vietnamien qui a monté une association pour donner des cours d'anglais à de jeunes enfants défavorisés, m'accueille au sein de sa structure pour une semaine de HelpX. J'ai pas beaucoup d'infos sur les conditions de travail ou même ce que je vais faire (le monsieur n'est pas très bavard) mais bon... On verra bien !

 

Let's go !!

HelpX pour quelques enfants


Peter? Where are you ???


Je suis de retour à Ha Noi après un voyage décevant dans la bai d'Ha Long. A peine le temps de dire ouf qu'un taxi viens me récupérer devant l'agence de tourisme pour me conduire à la station de bus, hors du centre-ville. Dans le taxi, je rencontre Garett, un Malaisien et Jaime, une Coréenne. Ils voyagent séparément mais vont tous les deux à Sapa également. Il est 19h et nous attendons à la station de bus. Nous prendrons un bus de nuit dans une heure. Il y a environ 300 km entre Ha Noi et Sapa mais le trajet durera plus de 6h. En attendant le bus, je fais un peu plus connaissance avec mes deux nouveaux compagnons de route. Garett est très bavard mais tous deux ont des parcours très intéressants.


Nous grimpons finalement dans un bus aux allures de boites de nuit, avec des néons rouge, vert et bleu partout. Nous sommes installés dans le fond du bus sur des couchettes en faux cuir très confortables. Les couchages sont normalement prévus pour 2 personnes mais comme le bus n'est pas plein nous pouvons prendre de la place.


Le lendemain matin vers 5h, nous arrivons au pied de la montagne. Sapa est à encore 3/4h de route et il nous faut prendre un mini-bus. Le bus de nuit transportait également tout un tas de marchandises et il faut attendre que tout soit déchargé. Au bout de 20 minutes, le bus est vide et nous pensons pouvoir y aller. Sauf que les employés de la compagnies ne semblent pas du tout pressés et décident... de faire la sieste ! Les voilà donc partis pour un petit somme d'une heure !! Euh... Les gars ? Je ne veux pas vous importuner mais ça fait trente minutes qu'on devrait être à Sapa là et on est encore en bas. Je ne suis ni pressé ni à cheval sur les horaires mais là vous vous endormez devant nous alors que nous sommes entassé dans les mini-bus au milieu des cartons et qu'on aimerait AU MOINS savoir pourquoi ça fait trois plombes qu'on attend comme des cons là... Parce que là ça fait limite manque de respect quand même...

On se retrouve donc entassé comme de la vulgaire marchandise dans un mini-bus à attendre pendant plus d'une heure avant que le chauffeur daigne prendre la route, sans un mot, ni un regard. Ambiance chaleureuse assurée !


Me voici donc à Sapa. Il fait froid, et une véritable purée de pois réduit la visibilité à une dizaine de mètres maximum. Dès la descente du bus, nous sommes abordés par des femmes vêtues d'habits traditionnels des tribus montagnardes comme j'avais pu en voir au musée de Ha Noi ou en Thaïlande. Elles nous accompagnent, où que nous allions et cherchent à nous vendre tout ce qu'elles peuvent (et elles vendent de TOUT!!). Je trouve tant bien que mal le lieu que Peter m'avait indiqué en ville et je tombe sur deux fillettes et une vieille dame parlant toutes très bien anglais. Je leur dit que je viens faire du bénévolat et une petite fille me demande de la suivre en ville. Apparemment ce n'est pas ici. En chemin, je remarque que malgré le mauvais temps, Sapa est très touristique. Un grand nombre d'étrangers sillonnent les rues, la plupart accompagnés d'un guide.

Nous arrivons à l'arrêt de bus (le bus local j’entends, pas le car touristique) et coup de bol, le bus N°2 arrive tout de suite et s'arrête à quelques mètres de moi. Tout content, je remercie la petite fille de m'avoir indiqué le chemin et cours vers le véhicule. Alors que j'allais monter à bord, le chauffeur me ferme brusquement la porte au nez et démarre en trombe ! Je le regarde s'en aller, un grand sourire aux lèvres et me faisant coucou de la main. Il m'indique du doigt les mini-bus stationnés juste devant comme pour me dire « tu es touriste, prend les bus de touristes »... Bienvenue à Sapa...


Je retourne vexé et penaud vers la fillette qui essaye alors de m'obtenir un petit rabais pour un mini-bus en expliquant au chauffeur que je viens pour faire du bénévolat. Manque de bol, le chauffeur n'a qu'une chose en tête : me vendre le trajet plus cher que ce qu'il n'est en réalité. Il engueule même la pauvre petite en l'accusant de casser son business. Je commence à en avoir un peu marre de ces gens obnubilés par l'argent qu'ils peuvent soutirer des touristes. Sans chercher à faire continuer ce débat stérile, je monte dans le bus. J'ai juste envie d'arriver à destination.


20 minutes plus tard, j'arrive au « Sapa Hope Center », la structure dans laquelle je vais faire du HelpX une semaine durant. Je me retrouve devant ce qui ressemble plus à des ruines qu'à un centre d'accueil. Quelques murs en béton tous plus cassés les uns que les autres, avec quelques tôles et quelques bâches posées dessus en guise de toit... Un vrai taudis. De plus, des travaux semblent commencés ici mais pas finis. On dirait qu'il y avait à l'origine un bâtiment principal et qu'il à été partiellement cassé pour être partiellement amélioré, ce qui en fait un tout... Partiellement fini.

J'entre, il y a une basse-cour dans l'enceinte où poules, coqs et poussins se côtoient. Je rencontre Peter, un vietnamien à l'allure un peu shootée et/ou endormie et au caractère très réservé. Une brève poignée de main et, sans plus de cérémonie, il me fait visiter les lieux. Il me montre ma chambre et mon lit, surplombé d'un joli trou dans le mur, les toilettes, et l'espace de vie commun, dans la cour. C'est là que nous passerons la majeure partie de notre temps, à nous peler les miches. Nous, parce que je ne suis pas seul à être venu ici pour faire du bénévolat. Marie et Nolwenn, deux bretonnes (le monde est petit) sont arrivées hier pour deux semaines.

Maintenant que je suis là, je vais enfin pouvoir obtenir quelques précisions sur les tâches à accomplir, Peter ayant été extrêmement avare de détails par mail ou téléphone. Marie et Nolwenn m'expliquent qu'il n'y qu'une heure de cours d'anglais par jour, entre 13h et 14h, seul moment où les enfants viennent au centre. Nous travaillerons 2 ou 3 heures de plus l'après-midi dans le centre pour remplir notre part de l'échange. Le fait de n'avoir qu'une heure de temps chaque jour avec les enfants pour l'enseignement me déçoit un peu mais je me dis que les autres tâches doivent être accomplies également. Je rencontre également Sha, un petit garçon de 7 ou 8 ans, orphelin, qui vit chez son oncle mais passe ses journées au centre. Complètement livré à lui-même depuis sa naissance, son histoire ne fait pas sourire (un père décédé pendant la grossesse de sa mère et abandonné par cette dernière après l'accouchement). Un petit garçon qui à une tchatche incroyable (et parfois un peu trop même) et qui n'a eu aucun cadre d'éducation. Très vite, je constate qu'il est habitué à la présence des étrangers qu'il doit avoir l'habitude de voir défiler ici et je remarque également qu'il a compris que sa triste histoire en attendri plus d'un. En effet, le garçon est toujours en train de demander quelque chose, de réclamer ceci ou cela. Mais peut-on lui en vouloir ? Livré à lui-même comme beaucoup d'autres enfants de cette région, c'est la débrouille qui prime.

 

Après une nuit passés avec 2 paires de chaussettes, 2 pantalons et 2 pulls dans mon sac de couchage, place à la première journée de travail. A 13h, les enfants arrivent. Ils ne sont que 3... C'est peu mais cela semble normal pour Peter qui m'avait dit que les fréquentations pouvaient beaucoup varier, surtout l'hiver où il fait froid. Marie et Nolwenn s'occupent des deux ados qu'elles avaient déjà vu la veille pendant que je fais connaissance avec Ming, un petit garçon de 8 ans. Le niveau d'anglais de ces enfants est proche de zéro. Ils ont encore beaucoup de mal avec les premiers chiffres et des phrases telles que « je m'appelle machin », « je viens de tel endroit » ou encore « j'ai tel âge ». Le principal problème cependant, c'est de leur faire comprendre. D'abord parce qu'une majorité de ces enfants ne parlent pas bien le vietnamien mais un des nombreux dialectes des ethnies des montagnes. Ensuite parce NOUS, on ne parle pas vietnamien, et également parce que la majorité de ces enfants ne va pas à l'école et n'a donc pas de logique d'apprentissage. Ça ne fait pas partie de leurs habitudes de s'asseoir et d'écouter un cours de cette façon, sans travaux pratiques.

Cependant les jeunes font des efforts, ils se concentrent du mieux qu'ils peuvent et essayent, essayent et essayent encore, jusqu'à y arriver. Ming est un petit doué. En une heure, il a réussi à rattraper le cours de la veille fait par Nolwenn et Marie. Voir ces enfants faire autant d'efforts pour apprendre quelque chose qui peut (ils le savent sûrement) améliorer leur vie plus tard fait vraiment chaud au cœur.

Le seul souci dans tout ça c'est Peter. Alors qu'il est le seul a pouvoir traduire de l'anglais au vietnamien et donc améliorer considérablement la qualité des cours, il ne s'est pas montré de la journée, sauf à 14h pétante, pour dire que le cours était fini alors qu'une bonne dynamique s'était installée et que nous aurions pu continuer au moins une heure de plus.

Les enfants rentrent chez eux et Peter semble finalement s’intéresser au fait que nous soyons là. Il nous dit vouloir planter des pommes de terre dans la parcelle de terrain derrière le centre. Il nous indique un grand seau rempli de patates qu'il faut transporter jusqu'au dit terrain. Il nous indique ensuite les endroits à planter et s'en va. Ça aurait été sympa qu'il reste avec nous pour nous aider mais bon... Au bout de 30 minutes, les pommes de terre étaient toutes plantées et nous souhaitions savoir quoi faire par la suite. Peter n'étant plus là, Mai a tentée de prendre le relais. Mai ? Ah oui, j'ai oublié de vous la présenter ! Mai est une jeune femme originaire de Ha Noi. Elle est ici pour trois mois dans l'espoir d'améliorer son anglais qui est à peine meilleur que celui des enfants. Mai est vraiment adorable, toujours curieuse, elle cherche toujours à savoir comment s'appelle telle ou telle chose en anglais ou comment dire ceci ou cela. Mais malgré ça, la communication est tout de même quasi-impossible. Elle est apparemment une amie de Peter mais s'occupe des tâches ménagères en échange des repas et des cours d'anglais.

Mais revenons à nos patates. Mai n'étant pas capable de nous expliquer quoi faire, elle nous fait comprendre que nous pouvons disposer. Nous sommes un peu gênés de la laisser se débrouiller et le désintérêt de Peter commence à nous agacer.

 

Il fait 10°C la journée, probablement 4 ou 5 la nuit. L'air est humide à 95% et il fait un brouillard permanent qui rend toute découverte des environs impossible. Les murs étant tous cassés, il fait la même température dehors que dedans. Le temps semble très long, nous sommes congelés et malgré quelques tentatives de promenades, nous sommes tous très déçus de ce HelpX. Nous ne voyons quasiment jamais Peter et quand nous le voyons, c'est pour nous regarder bosser les mains dans les poches sans lever le petit doigt ni même manifester le moindre intérêt pour nous. Échange culturel : Zéro !

Je suis arrivé Mardi et j'avais dit que je resterai jusqu'à Lundi prochain. Sachant que les week-ends ne sont pas travaillés et qu'il n'y a pas de cours d'anglais et vu la tournure que prend ce HelpX, la perspective de rester jusqu'à Lundi ne me plaît guère... La seule chose qui pourrait me donner envie de continuer ce sont les cours. Mais à une heure par jour, sans soutien de Peter, je n'en vois pas franchement l'intérêt... Et cette dernière semaine à été plutôt décevante, entre la baie d'Ha Long et Sapa. Nolwenn et Marie sont du même avis. Malgré leur investissement pour les enfants, le désintérêt et l'absence totale de Peter les fera déménager bien avant la date prévue.


Nous partirons finalement Vendredi, au bout de trois jours seulement. Je me sens un peu mal par rapport aux enfants qui revenaient toujours plus nombreux et le sourire aux lèvres mais deux cours de plus n'auraient pas changé grand chose et m'auraient fait perdre quatre jours de voyage. Les bretonnes prendrons le bus de midi pour un autre village, plus bas dans les montagnes. Je partirai juste après les cours vers Sapa, où je ferais le même trajet qu'à l'aller vers Ha Noi.


Dans le mini-bus, je retrouve par hasard Jaime. La coréenne que j'avais croisé à l'aller ! Le monde est vraiment petit ! Je sympathiserais bien avec elle et j'aurais même le loisir de la revoir à l'aéroport de Ha Noi, 4 jours plus tard !


Il me reste 1 semaine de voyage et pour l'instant, le bilan est moyen. Comme je suis parti plus tôt de Sapa, je vais pouvoir faire un saut à 100 km au sud de Ha noi, à Tam Coc, également appelée baie d'Ha Long terrestre en raison de sa ressemblance avec la mythique baie du Nord-Est du pays.


On se laisse pas abattre ! On the road again !!!

Ninh Binh en moto


Sourires dans les champs...


 

Après une courte escale à Ha Noi, je reprends le bus direction Ninh Binh (le nom de cette ville m'évoque un petit village d'Australie réputé pour certaines « plantes vertes » ;) cf. les articles sur l'Australie). Située à 100 km au sud de la capitale, Ninh Binh est le point de chute des touristes venus visiter les nombreux sites aux alentours, dont la fameuse rivière Tam Coc, également appelée baie d'Ha Long terrestre en raison de ses formations rocheuses quasi-identiques à celles que l'on peut trouver là-bas. J'arrive vers 22h30 là-bas et, comme d'habitude, le bus nous laisse un peu à l'écart du centre-ville (histoire de faire marcher le commerce des transports sans doute). Heureusement pour moi, il y a un hôtel juste en face de l'arrêt de bus qui propose des chambres propres et pas cher. Le gérant est très avenant et il propose de me louer une moto. L'idée me séduit mais je ne veux pas décider tout de suite. Il est tard, je vais me coucher.

 

 

 

Le lendemain, il pleut des cordes. Je n'irai pas visiter les environs de la rivière aujourd'hui mais je veux tout de même essayer de visiter un peu (je ne suis là que pour deux jours après tout). Je pars donc à pieds, armé de mon imper et d'un vieux plan fait main par le gérant avec des infos un peu... approximatives dessus. J'arrive en ville, un marché couvert vend tout un tas d'épices et de denrées en gros. Les odeurs sont fortes et se mélangent mais le tout offre un sentiment de dépaysement fort agréable. Les marchands ont tous l'air très surpris de voir un blanc se balader dans leur souk. J'imagine que ce doit être assez inhabituel pour eux. Je ressort des halles pour continuer dans la grande avenue. Je m'arrête dans une pâtisserie pour acheter un petit gâteau en guise de petit déjeuner. Pas très exotique, certes, mais très bon, coupe-faim et pas cher du tout. Il semble que les vietnamiens soit très friands de cet « art ». Les pâtisseries sont assez nombreuses dans les villes et toujours pleines de monde. On y trouve des gâteaux, cupcakes et autres muffins de toutes les couleurs et de toutes les formes, richement décorés de billes de sucres ou de paillettes multicolores. L'avenue pullule de magasins qui vendent de tout. De la cosmétique à la quincaillerie en passant par l'automobile et la nourriture. Les étals sont remplis à ras-bord de produits qui prennent la poussière tellement ils ont passé de temps sur ces étagères. La plupart des produits comestibles tels que chips, gâteaux, sucreries et autres snacks sont périmés (vérifiez la date avant d'acheter un truc). Chacun s'occupe de son petit business dans la bruyante tranquillité de cette ville. La vie semble être un long fleuve tranquille vu de l'extérieur...

 

 

 

Je reviens à l'hôtel vers midi, après un bon plat de nouilles. Le gérant est un peu déçu que je ne lui ai pas loué de moto aujourd'hui mais il comprend. Les balades en barque sous la pluie, c'est pas le top. Je remonte dans ma chambre et passe le restant de la journée à essayer d'écrire un peu le premier article de ce voyage.

 

Le lendemain, levé tôt, je descend et j'ai la bonne surprise de voir qu'une moto m'attend en bas. Je remercie mon petit gérant et pars en direction de Tam Coc, à une vingtaine de kilomètres. Les informations de l'hôtel sont à l'image du plan de la ville qu'ils m'ont donné : foireuses !! Les panneaux sont quasiment illisible pour moi. Je m'arrête donc ça et là pour demander mon chemin et je fini par arriver à destination. Naturellement le prix demandé est le double de celui qu'on m'avait donné à la réception de l'hôtel mais je ne suis même plus surpris. J'embarque donc sur une petite barque métallique avec une rameuse qui rame avec... les pieds ???!!! Confortablement installée sur une petite paillasse à l'arrière de l'embarcation, les mains sous les cuisses, ses pieds nus recroquevillés sur les manches en bois manipulent les deux rames aussi aisément que je pourrais le faire à la main (et encore, je crois que je ne tiendrais pas aussi longtemps qu'elle). Aucune attache, ses pieds, recourbés comme des serres, sont toujours en contact avec le manche.

Après quelques coups de pagaies, nous sortons du canal de la ville et entamons notre promenade sur un fleuve peu profond, où algues et autres plantes aquatiques semblent être un vrai fléau. Des nénuphars flottent un peu partout et quelques rares mais magnifiques fleurs de lotus blanche viennent décorer cet endroit paisible. Il suffit ensuite, au détour d'un cimetière aux splendides autels sculptés, de lever la tête pour pouvoir admirer d'imposants rochers ressemblant fortement aux « pains de sucre » de la baie d'Ha Long. On comprend mieux le surnom de cet endroit. La barque passe aux pieds de ces colosses de pierre, me faisant ainsi ressentir toute la majesté de ces édifices qui semblent tombés du ciel et planté dans le sol.

 

Le silence règne, l'eau est calme et d'huile. Seuls les petit coups de rames viennent rompre doucement le silence. A part les quelques pêcheurs à pied et le jeune homme debout sur son sampang en train de mouiller sa ligne, nous sommes seuls dans ce petit paradis. Puis, rapidement, d'autres rameuses arrivent, seules sur leurs embarcations, certaines transportent de la marchandise qu'elles vendent aux touristes, d'autres tricotent (elles ont les mains libres du coup), d'autres encore papotent. Bref, je suis un heureux touriste, seul sur sa petite barque avec un cortège de rameuses bien bavardes :)

 

Au bout d'une heure, après une nouvelle tentative de l'une des rameuses pour me vendre tout un tas de trucs dont je n'avais pas besoin mais qui, selon elle, m'étaient indispensables, nous faisons demi-tour et repartons dans l'autre sens. Je profite de nouveau de la beauté et de la quiétude de ce lieu tout en me disant que j'ai bien fait de venir tôt car de plus en plus de barques de touristes arrivent dans l'autre sens, remplies à ras-bord de touristes asiatiques, parfaitement fidèles aux clichés que l'on a d'eux : bob dégueulasse avec le nom du tour-opérateur dessus, le t-shirt assorti avec le slogan, le tube de crème solaire autour du coup et un appareil photo qui a dû coûter très cher car ils le rentabilisent à fond, oubliant presque de regarder ce qu'il y a autour d'eux... D'ailleurs, la plus grande curiosité naturelle du coin pour eux, c'était moi. Dès qu'ils me voyaient, ils me mitraillaient de leurs objectifs, comme si j'étais une star hollywoodienne... c'est triste tout de même...

 

De retour à l'embarcadère vers 10h, je m'arrête quelques instants pour réfléchir à la suite. Le coin recèle encore pleins de petits temples ou autres lieux touristiques. Pour des raisons de temps et de budget, je ne peux pas tout voir. Que choisir dans ce cas ? Les derniers jours ayant été peu satisfaisants en terme de tourisme organisé, je décide de profiter de la belle journée et de me balader au gré de mes envies, purement au hasard. Je décide donc de partir a pied, le long de la rivière. Il y a un petit quartier d'habitations pas très loin et le chemin ne semble pas destiné aux touristes. C'est donc exactement ce qu'il me faut ! Je me retrouve à errer entre ces maisons faites de bric et de broc, sous le doux soleil matinal que je n'avais pas encore vu depuis mon arrivée au Vietnam. Je ne croise pas grand-monde et les quelques-uns qui me remarque me font tous un grand sourire (après les quelques secondes de blocage interrogatif bien sûr). Il n'y a pas un bruit, il fait beau, il fait doux, les gens sont souriants, c'est le bonheur quoi !

 

Juste a la sortie du village, je tombe sur le cimetière que j'avais aperçu tout-à-l'heure depuis la barque. Les stèles et les autels sont vraiment beaux et changent de nos pierres tombales toutes plates et tristes. Je n'ose pas entrer, ne voulant pas être irrespectueux, alors je fais demi-tour. De nouveau dans le village, un vieux monsieur au look très... Traditionnel (qui m'avait probablement remarqué à mon premier passage) semble m'attendre devant le portail de sa maison. Je lui dit bonjour et il m'invite à entrer chez lui. Une petite cour intérieur au bord de l'eau mène à la maison. Un petit bâtiment en brique somme toute, assez joli. Le vieux monsieur appelle sa fille, qui arrive, tout sourire, son fils dans les bras. Je suis accueilli comme un roi par ces gens qui m'invitent à prendre le thé à l'intérieur. Ils me demandent d'où je viens, mon nom, mon âge etc... le thé a un vieux goût d'algues moisi...... Absolument dégueu ! Mais je bois quand même pour ne pas vexer ces gens qui m'ont si gentiment et spontanément invités chez eux (même si je me doute bien qu'ils vont essayer de me vendre quelque chose). Le souci, c'est que dès que je fini une tasse de thé, le monsieur m'en ressert une, puis une autre, puis une autre... Si je ne m'arrête pas, je vais finir par vomir...

Finalement, la jeune femme, répondant au nom de fleur (french touch), revient avec un gros sac, rempli de broderies faites main et maison et commence à me les montrer une par une, en mentionnant le prix de chacune d'elles. Je sais bien que c'était l'idée de départ de m'inviter pour me vendre ça mais la sympathie de ces gens m'a tellement touché (et en même temps ça avait le mérite de changer de toutes les autres personnes que j'avais croisé jusque là) que je leur ai finalement acheté une petite broderie. Toute contente, Fleur continue volontiers la discussion et me donne finalement son adresse en me disant « ne nous oubliez pas s'il-vous-plaît » le tout avec un grand sourire. C'est pour ces moments que je voyage, alors tu peux être sûre que je ne vous oublierais pas :)

 

Je retourne à mon scooter et décide de continuer la route. Je pars dans une direction au hasard et je retrouve ce sentiment de liberté grisant que j'ai connu en Australie avec notre van « Toytoy ». Je m'arrêtais où je voulais, passais parfois 10 minutes à contempler un paysage, puis repartais. J'allais de temple en temple au fur et à mesure que je les découvrais, au hasard de mes pérégrinations. Comme ce temple, creusé dans la montagne dont l'accès se fait par une petite passerelle en pierre sans sécurités, ou encore celui-ci, au bout d'un petit chemin en terre interminable qui menait a priori nulle part et où le moine m'a gentiment fait une démonstration de monocorde, l'instrument de musique des temples. Je partais d'un principe bête qui était que plus le chemin semblait inintéressant, plus il l'était. Et ça marchait !! Dans l'après-midi, je pris en scooter un petit chemin en terre et en caillou, farci de ronces. La route était vraiment impraticable tellement le sol était défoncé. Je me cramponnais fort au guidon pour ne pas tomber. Tellement fort que je ne sentais plus le sang affluer dans mes mains devenues toutes blanches !! J'ai plusieurs fois pensé faire demi-tour tellement la route était dure mais en voyant un photographe arriver en sens inverse avec tout son barda sur sa moto, je me suis dit que le jeu en valait la chandelle. Et effectivement, au détour d'une maison, une vallée s'ouvre à moi. Des rizières et des champs entourées de montagnes en « pains de sucre » se tenaient là, devant mes yeux remplis d'étoiles. La majesté de ce lieu emplissait mon cœur de joie et de satisfaction. Je restais là, sans bouger, à observer cet endroit, qui semblait être un havre de paix et me ressourçait. Un peu plus loin, je m'arrête timidement devant un petit chantier de cabane en construction sur le flanc d'une montagne où les quelques ouvriers, avec de grands sourires, m'invitent à prendre des photos de leur chantier. Ils ne parlent évidemment pas anglais, mais les sourires et les regards sont parfois plus communicants que les mots.

 

La journée continueras ainsi, allant de sourire en sourire, de paysage en paysage. Ce ne fut qu'une fois de retour en ville que les gens firent « à nouveau » la gueule. Je fis facilement le rapprochement avec la France, où le principe est un peu le même. Je m'étais déjà fait plusieurs fois la remarque que j'appréciais de moins en moins les grandes villes... Les gens n'y semblent pas heureux.

 

Le lendemain, j'ai pris le bus aux aurores en direction de la capitale, une dernière fois. Cet après-midi, je prend l'avion direction Ho Chi Minh ville. Il me reste 2 jours de voyage et j'ai décidé d'aller voir le fameux delta du Mékong, au sud du pays.

 

Le Delta du Mékong


fin du voyage aux abords d'un fleuve mythique


Après une nouvelle journée à Ho Chi Minh Ville en compagnie de Dzung que j'ai beaucoup de plaisir à retrouver après ces deux semaines, je prend le bus en direction de Can Tho, la plus grande ville vietnamienne du delta du Mékong. Ce fleuve mythique passe par le Laos et le Cambodge avant de traverser le Vietnam dans sa largeur et de se jeter dans la mer de Chine méridionale. Il me reste deux jours au Vietnam, sans compter le jour du voyage retour. Je suis bien conscient d'avoir mal préparé cette expédition au delta du Mékong et je me suis donc orienté, à défaut, vers la plus grande ville de la région, en pensant louer une moto là-bas et rayonner dans les environs. La sensation éprouvée à Ninh Binh était vraiment grisante et je souhaitais la retrouver avant de partir.

 

J'arrive donc à Can Tho après quatre heures de bus. Comme d'habitude, la station d'arrêt est assez éloignée du centre-ville pour faire marcher le business des taxis. Je suis en fin de budget et en mode borné, et je décide donc de continuer à pied jusqu'au centre, chargé de mon gros sac-à-dos. Là j'ai vraiment été bête... Can Tho étant à 3 kilomètres d'ici, à mi-chemin, mon dos me fait terriblement mal et je dégouline de sueur à n'en plus pouvoir (je suis de nouveau dans le sud et les températures sont revenues aux alentours des 35°C). Je m'arrête dans un restaurant pour manger et commande un plat de nouilles. A ma grande surprise, elles sont préparées bien différemment de celles que j'ai pu manger au nord du pays. Au lieu du plat de nouilles instantanées sautées et assaisonnées de Ninh Binh ou Sapa, j'ai ici droit à des pâtes frites dans l'huile servies avec tout un tas de légumes dans une sorte de sauce épaisse. Rien à voir, mais très bon également.

Le repas fini, je repars, toujours à pieds. Question de fierté... Et de bêtise aussi parce que j'ai toujours aussi mal au dos...

 

J'arrive finalement au centre-ville. Je trouve une chambre très bien au 6ème étage d'un hôtel (sans ascenseur évidemment) et je pars me renseigner un peu sur les environs. Je me rend également sur les rives du Mékong. Je suis ici sur l'un des bras principaux du fleuve du dragon. Je constate avec tristesse que ce mythique cours d'eau est très sale et pollué. Can Tho est le centre industriel de l'extrême sud du pays, après Ho Chi Minh et les usines sont visibles un peu partout.

Je passe ce qui me reste de mon après-midi à me repérer et à acheter quelques souvenirs avant de rentrer en France.

 

Le lendemain, je loue une moto pour sillonner les environs. Je ressens cette même sensation de liberté qu'à Ninh Binh et ce plaisir de me mêler à cette foule de deux roues qui envahissent les rues dès le petit matin. J'ai l'impression de faire partie de ce monde grouillant et insouciant. Les paysages sont par contre moins attrayants que ceux de la baie d'Ha Long terrestre... Je regarde sur la carte la route à prendre pour quitter la ville et rejoindre des contrées plus sauvages mais l'absence d'échelle ou de kilométrage ne me permet pas de me faire une idée du temps ou même de la distance à parcourir. Tant pis, j'y vais et on verra bien.

 

Très rapidement, sur la droite, une belle avenue complètement désertique, ensoleillée et apparemment très récente, attire mon attention. J'y trouve un temple flambant neuf et absolument magnifique, aux tuiles toutes vertes. J'entre dans la cour ou la pelouse est entretenue brin par brin par des employés du temple. Je suis le seul visiteur de ce temple superbe. Deux papys s'approchent alors de moi et m'invitent par des gestes à entrer dans le bâtiment principal, où se trouve un autel assez modeste en comparaison de ceux que j'ai pu voir à Ha Noi. Leurs sourires en dit long sur le nombre de visiteurs que ce temple peut avoir... Ils ont l'air ravis de me voir. Ils m'invitent même à brûler l'encens et à le planter dans le sable à trois endroits de l'autel au son de la cloche qu'il fait résonner. Lorsqu'il voit mon appareil photo, ils me proposent de prendre la pose avec eux, à tour de rôle. Ils me font ensuite visiter le temple. Pas un mot n'a été prononcé depuis le début de cette rencontre. Ils ne parlent pas anglais et moi pas vietnamien. La communication passe par nos sourires de gratitude ou de plaisir, des regards de compassions ou d'intérêt voire même de curiosité. Ou bien encore par une main tendue qui invite à entrer dans l'intimité d'un lieu sacré pour les habitants. L'un de mes deux papys va même m'inviter à prendre le thé chez sa fille, juste à côté du temple.

 

Je reprend la route, toujours au hasard. D'expérience, je sais que les petits chemins les plus minables d'apparence peuvent receler les plus beaux trésors. Je m'engage donc dans un petit passage étroit entre deux maison. Il y a à peine la place pour mon scooter. La route est plutôt pourrie (comme il fallait s'y attendre) et alterne entre gadoue, cailloux et béton cassé. Plus j'avance et plus je m'enfonce dans ce qui semble être un quartier d'habitation à mi-chemin entre vieux quartier à l'abandon et bidonville. La route bifurque et tourne pour suivre un cours d'eau qui rejoint le Mékong un peu plus bas. Le long du chemin, je croise quelques visages souriants qui me saluent d'un mouvement de bras. Je m'arrête ici et là pour faire quelques photos. D'une rive à l'autre on voit déjà la différence entre les différents niveaux de vie. Quelques hommes s'enfoncent pieds nus dans l'eau depuis la berge sur laquelle je me trouve dans l'espoir de trouver ce qui ressemble à des coquillages (sans doute les vendent-ils) alors que sur la berge d'en face des tractopelles s'activent pour bâtir les fondations d'un futur immeuble. La vision de cet homme en haillon de l'eau jusqu'au cou et bataillant contre le courant pour ses petites coquilles au pieds de ces gros bulldozer est frappante d'inégalité.

 

Je continue ainsi ma journée, sillonnant les environs sur ma bécane, libre comme l'air pollué qui sature la région, craché par une multitude d'usines qui dénaturent le paysage. J'ai décidément mal choisi ma destination.

 

Le soir tombe et je retourne au centre de Can Tho rendre le scooter. Je passerai ma dernière soirée à flâner sur le petit marché de nuit, installé à quelques pas de mon hôtel. Le lendemain matin, je reprends la route pour Hô Chi Minh ville.

 

Je déguste un dernier pain à la vapeur en attendant l'heure de l'embarquement et je passe un peu en revue mon séjour.

J'ai pris mon billet d'avion sur un coup de tête après une discussion téléphonique avec une amie. Quelques semaines plus tard, je m'envolais pour la seconde fois vers l'Asie, pour un voyage en solo, il faut bien le reconnaître, mal préparé. Même si j'étais ravi de retrouver l'ambiance des villes d'Asie, leurs capharnaüms de scooters, le sourire des gens, leur vie trépidante et très heureux des rencontres que j'ai faites (Philippe le québecois, Marie et Nolwenn les deux bretonnes, Dzung, Trang, Mai, Jaime et tous les visages radieux que j'ai croisé sur ma route), ce voyage me laisse un petit goût d'inachevé dans la bouche... Déjà, j'aurai dû mieux le préparer pour éviter l'épisode décevant de la baie d'Ha Long et surtout, il m'a manqué un compagnon de voyage durant ces trois semaines. Quelqu'un avec qui partager mes joies, mes peines, mon émerveillement, mes moments de solitudes... Tout ce qu'on peut ressentir au court d'un voyage, j'avais besoin de le partager avec quelqu'un qui m'aurait accompagné au cours de ce périple. Je n'ai bien sûr été que très peu de fois seul, mais les rencontres de quelques jours ce n'est pas la même chose (à mes yeux en tout cas) qu'avoir un compagnon de route avec lequel on se lance dans un projet commun. Je le saurai pour la prochaine fois ;)

 

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