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La capitale du pays du soleil levant

 

Konnichiwa!!

 

 

Tokyo. Le Japon. J'y suis enfin ! Depuis des années que je rêvais de voir le pays des samouraïs et des geishas, nous voilà en terre nippone.

 

Nous arrivons dans la soirée à Tokyo, plus grande ville du monde et le changement avec l'Inde est radical !! Ici, même une miette de pain ne traînerait pas par terre plus de 5 minutes ! Autre modification : le climat !! Ici les saisons sont plus ou moins calée de la même façon qu'en France (à quelques choses près) et nous sommes à la fin du printemps. Il faisait 45°C lors de notre départ de Delhi, il en fait 23 ici !!! Brrrr, on va attraper un rhume...

 

Nous avons rendez-vous à 23h avec Takahisa, qui nous hébergera en couchsurfing pendant 4 jours. Seulement, le temps de descendre de l'avion, remplir les 15 formulaires pour entrer sur le territoire, se repérer, chercher en vain une carte sim pour nos téléphone, un plan de la ville et savoir quelle direction prendre pour rejoindre notre quartier, il est déjà 23h !!! Heureusement que dans le pays de la technologie, il y a encore des cabines téléphonique de l'avant-guerre !! Takahisa prévenu, nous avons une heure et demi de train pour rejoindre Akabane, l'arrondissement où il vit. Nous arrivons à 1h du matin et le pauvre doit se lever dans 2h pour aller bosser !! Mais tout sourire, il nous accueille chez lui, nous laisse sa chambre pour aller dormir sur le canapé, nous propose à boire et s'occupe de tout notre confort avant d'aller dormir.

 

Le lendemain, lever à 10h !!! un record absolu sur toute la durée du voyage !!! Nous partons en reconnaissance dans le quartier à la recherche d'une carte sim, facile... Ou pas. Au bout de 2 heures, nous avons visité toutes les boutiques susceptible de vendre ce que nous cherchions et niet ! Rien de rien ! En plus, à notre très grande surprise, personne (mais vraiment personne hein!) ne bafouille le moindre mot d'anglais !!! Là ça va poser problème... Mais cette histoire de carte sim nous intrigue vraiment. Nous ne comprenons pas comment le pays le plus Hi-tech du monde (qui plus est sa capitale) ne puisse pas avoir de carte sim. En fait, le problème vient du fait que le Japon soit un pays qui n'occasionne que très peu de tourisme et que rien dans ce pays ne soit fait en fonction des éventuels visiteurs étrangers. Donc pour avoir une carte sim, il faut acheter un téléphone et un abonnement avec !! Et bien nous ferons donc sans téléphone pour ce dernier mois. On se contentera du Wi-Fi... Il y a des points wi-fi partout à commencer par ce qui semble devenir notre sponsor communication en voyage : Mcdo (oui j'ai honte de dire ça) ! Mais en fait, au Japon c'est encore différent... Pour utiliser internet, il faut être inscrit sur internet... Et donc avoir un abonnement payant... Merde alors !! Bref, au pays du téléphone qui fait le café, les étrangers n'ont le droit qu'au café !! Heureusement, nous pouvons nous connecter sur le net chez Takahisa et donc envoyer des nouvelles en France.

 

Takahisa étant rentré assez tôt chez lui, il nous propose de nous faire visiter les environs. Nous irons donc dans les quartiers de Ueno et Asakusa avec lui. Mais visiblement Takahisa est un casanier et semble pressé de rentrer chez lui. Nous passerons dans les deux plus grandes artères commerçantes de Ueno en coup de vent. Nous tenterons de ralentir un peu la cadence à Asakusa mais nous ne voulons pas brusquer notre hôte, bien que le marché et le temple Senso-ji soient absolument magnifique.

 

Nous remarquons avec beaucoup de soulagement que le coup de la vie au Japon est en réalité bien plus bas qu'en France. De bon plats sont accessibles dès 2€ et nous aurons même le luxe de nous offrir 15 sushis chacun pour... 4€ !! Le seul hic avec les sushis japonais c'est que eux, ils mettent le wasabi directement dedans !! Personnellement je ne fais aucune allergie au wasabi dont je trouve le côté « archi-piquant » exagéré, mais le manger avec les sushis cache un peu le goût du riz et du poisson.

 

Nous arrivons en fin de voyage et, outre le fait que nous en ayons marre de porter les mêmes vêtements depuis 7 mois, ceux-ci sont, pour la plupart bon à jeter à la poubelle tellement ils sont usés... Les prix bas ici sont l'occasion rêvée pour refaire la garde-robe (vous me direz « et l'Inde alors ? » je vous dirais qu'on allait quand même pas revenir qu'avec des sarouels). Avec Silvia comme conseillère look, me voilà rhabillé de la tête aux pieds !

 

Takahisa étant très pris par son travail, nous n'aurons pas l'occasion de beaucoup bouger avec lui. Nous nous baladerons donc dans Tokyo au gré de nos envie. Nous sommes extrêmement surpris de voir à quel point la capitale nippone est calme. Pas un bruit dans les plus grands boulevards de la ville, on peut même entendre la petite musique diffusée dans toute la ville via des petits haut-parleurs dispersés un peu partout. Nous aurons l'occasion de découvrir la vie tokyoïte à travers ses magasins de jouets pour tout les âges (les japonais sont d'éternels gamins dans leurs têtes et il est tout à fait normal pour eux de lire des mangas, collectionner des figurines ou des poupées ou encore jouer aux jeu vidéo à 80 ans!!), les restaurants, les boutiques d'arts ou encore... Les toilettes !!

 

Le petit coin au Japon, c'est sacré, alors on ne lésine pas sur les moyens pour rendre le passage sur le trône le plus confortable possible !! Tout d'abord, on chausse des sandales (ou chaussons) spécialement dédiées à cet endroit et qui ne doivent pas sortir de la pièce ! Le rond de chiotte et le couvercle sont équipés de frein qui les freinent dans le cas où vous les auriez inopinément lâchés et vous évite ainsi des désagréments sonores. Bon, la cuvette n'est pas encore en mousse absorbante mais je pense que ça ne saurait tarder... Une fois assis (oui, il faut être assis pour kiffer, donc les mecs, si vous allez juste pisser, asseyez-vous quand même) vous pouvez commencer vos travaux en appréciant une douce musique déclenchable via le clavier intégré. Une fois que c'est fini, pas question de repartir avec un cul qui pue !! Le petit jet d'eau avec viseur intégré déclenchable via le même clavier vous procurera une sensation de fraîcheur et de bien être. Femmes, vous aurez même le droit à un deuxième jet d'eau légèrement décalé (vous avez compris hein...). Bref, au Japon, les chiottes c'est aussi compliqué que la cérémonie du thé !!!

 

Deux jours avant notre départ de Tokyo, nous rencontrons Marie-Jo, une amie d'une collègue de ma mère avec qui nous étions en contact par mail depuis quelques mois. Cette française s'est installée au Japon il y a une trentaine d'années et vit avec son compagnon, Masaki. Nous passerons une première après-midi avec elle durant laquelle elle nous fera visiter son quartier par les petites rues. Le calme de Tokyo et sa capacité à allier mégalopole moderne et patrimoine traditionnel me fascine. Nous visitons quelques temples et passons devant une multitude d'autres, nous découvrons également les cimetières japonais. Le soir, nous allons au restaurant avec Masaki qui se fait une joie de nous faire découvrir la plancha japonaise. « Les jeunes doivent manger, il faut commander plein de plats » semblait-il dire. Nous avons goûtés de succulents mets dont je ne me rappelle hélas plus les noms (honte sur moi).

 

Nous irons passer la journée à Shibuya, un quartier très branché de Tokyo, où se trouve notamment le carrefour le plus emprunté du monde (paraît-il). Voici enfin les hauts buildings avec des écrans de toutes les couleurs et des musiques manga et kawaïïïïï !!! Textuellement, kawaï, ça veut dire mignon, mais c'est en réalité une vraie philosophie de vie pour la grande majorité des japonais qui ne veulent pas quitter l'enfance et se parent ainsi de gadgets et de goodies rose-bonbon ou en nounours. Mais comme le dit si bien Silvia, en français, kawaï, ça veut dire cucu !! Bref, les boutiques ne manquent pas, il y en a pour tous les goût et tous les âges (c'est à dire 5 ans).

 

Takahisa attendant d'autres couchsurfers dans la soirée, nous déménageons chez Marie-Jo qui nous a gentiment offert un toit pour notre dernière nuit à Tokyo. Nous irons de nouveau au restaurant où nous mangerons tout plein de plats japonais que Masaki aura choisi pour nous. Le soir, il nous fera de magnifiques calligraphies à Silvia et moi (il est peintre). Masaki et Marie-Jo sont vraiment des gens adorables et je les remercie encore de leur accueil.

 

Le dernier jour, on se la joue cool dans un petit jardin japonais très sympa que nous a indiqué Marie-Jo dans lequel je révise mon japonais (et oui, je m'y suis mis) et on retourne (hélas de nouveau en coup de vent) au marché d'Asakusa. Un dernier resto en compagnie de Marie-Jo et Masaki et il est l'heure de partir. Nous prenons un bus de nuit pour Yamagata, plus au nord pour aller planter du riz chez une famille japonaise. Et quel bus mes aïeux !! Des sièges roses bonbon (très rare cette couleur au Japon), inclinables à souhait, moelleux, avec repose jambes et petit toit dépliant pour l'isolation !! On va bien dormir !!!

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Qu'est-ce qu'on a riz!!

 

This is a pen

 

 

Après une nuit tout confort dans le bus, nous arrivons au petit matin à Yamagata d'où nous prenons un dernier transport pour rejoindre Murayama, un petit village où nous ferons du HelpX dans une famille japonaise. Nous sommes accueillis par Sam (bon ok, lui il n'est pas japonais, il est anglais mais s'est marié à une japonaise et vit avec sa famille depuis) dont la bonne humeur évidente nous met tout de suite à l'aise. Il nous conduit à la maison pour que nous puissions prendre notre petit dej, nous explique un peu le fonctionnement de la famille, nous montre nos quartiers (un petit bungalow à la japonaise avec futons et tatamis) et nous partons pour nos premiers travaux.

 

Nous allons avoir plusieurs jobs durant ces deux semaines. Nous allons commencer par ôter la plupart des fleurs des pommiers pour que ceux-ci produisent de beaux fruits, un peu plus tard dans la semaine, il nous faudra débarrasser les cerisiers de leurs fleurs fanées pour que les fruits puissent bien prendre le soleil mais surtout, et c'est un peu ce pour quoi on est venu, nous allons planter le riz dans les rizières. Pour aujourd'hui, nous nous contenterons des pommiers, Sam souhaitant nous ménager après notre voyage.

 

Le soir, nous faisons connaissance avec le reste de la famille sauf Nao, la femme de Sam que nous ne verrons que le lendemain. Nous connaissions déjà Hana, la fille de Sam et Nao agée d'un an et demi puisqu'elle avait « travaillé » avec nous toute la journée. Yoh est le frère de Nao et vit également au foyer familial avec sa femme Ikumi et leurs deux enfants Beijun, 4 ans et Niko, 2 ans. Les parents de Nao et Yoh sont également adorables et nous ont accueillis les bras ouverts. Nous ne connaissons pas leur vrais prénom puisque tout le monde (nous compris) les appellent Obâ-san et Otô-san qui signifient respectivement grand-mère et grand-père. Le grand-père de Nao vit également ici mais est très âgé et ne sort jamais de sa chambre où il passe la journée et mange ses repas. Nous voici donc dans une bien joyeuse famille qui nous fait partager son quotidien et ses joies. Nous travaillerons globalement 6 heures par jour avec Sam, Nao et Yoh. Les journées sont ponctuées de pauses grignotte où on goûte aux milles déclinaisons des crackers de riz. La bonne humeur permanente qui se dégage de ces gens est absolument incroyable... Et très contagieuse !!

 

Un soir après le travail, Sam nous emmène essayer l'Onsen, ces fameuses sources thermales japonaise. Là-bas, pas de chichis ! Tous cul-nul !! Les bains des hommes et des femmes sont séparés (même si certains Onsens sont mixtes) mais les enfants en bas-âge sont autorisés à accompagner leurs parents. Ainsi, Hana nous accompagne, Sam et moi dans les bains. Au Japon, l'hygiène est très importante et les règles sont très strictes. Dans un Onsen, enfreindre ces règles serait très mal vu, surtout si c'était le fait d'un gaijin (étranger). Après le petit protocole de nettoyage, nous nous asseyons sur le rebord du bassin, les pieds dans l'eau et c'est l'heure de la détente. L'eau est réellement bouillante (pourtant elle n'est qu'à 40°C), mais Hana n'a pas l'air d'être dérangée, apparemment elle a même l'habitude. Sam me propose d'aller au bassin extérieur et part avec Hana dans ses bras. Il n'avait juste pas vu la mini-bouse que sa fille avait laissé bien en vue derrière elle juste avant de partir !!! Souhaitant à tout prix éviter l'incident diplomatique entre le Japon et l'Angleterre, je pris l'objet en main et fit part à Sam du problème. Sa tête se décomposa instantanément et il sorti en courant avec sa fille. Je pense que personne n'a rien vu...

 

Le soir, il me remercia solennellement comme s'il avait une dette énorme envers moi. Cela me fit bien rire mais je sais que les japonais, eux, n'auraient pas du tout ris...;)

 

C'est le jour J pour le riz ! Nous chargeons les plants qui se présentent comme des carrés de gazon dans le camion et partons en direction de la rizière. Yoh nous attend sur place avec une sorte de tracteur spécialement dédié à la plantation du riz. Cette machine permet aujourd'hui de planter 95% d'une parcelle de rizière beaucoup plus rapidement et facilement qu'à la main. Nao nous montre comment mettre le riz sur l'engin. C'est assez rigolo. Il faut enrouler les carrés de riz sur eux-même pour le transporter !! Ils seront déroulés sur la machine et rangés. Ensuite, en avant Simone ! Le tracteur balaie la totalité de la surface et de petits bras articulé plantent les brins de riz. La machine ne pouvant passer dans certains endroits comme les angles ou les arrondis, il faut y aller à la main. Il est assez difficile de se déplacer dans ces marécages et nous manquons plusieurs fois de perdre nos bottes. Là encore, Nao nous montre comment faire, rien de bien compliqué, il suffit de faire attention où l'on met les pieds. Bien que le travail manuel ne dure pas plus d'une ou deux heure, nous nous rendons compte du labeur que c'était avant l'invention de cette machine. Je remarque d'ailleurs qu'un très grand nombre de personne âgées sont courbées à pratiquement 90° à cause des travaux de ferme !!

 

Comme vous pouvez vous en douter, l'ingrédient principal des repas est le riz. Il y en a en permanence dans l'un des deux rice cooker. Petit déjeuner, déjeuner et dîner, le riz est à l'honneur !! On aurait pu penser que nous ferions une rapide saturation comme en Inde même si ce riz-là est délicieux, et bien pas du tout !! C'est même le contraire !! Plus nous en mangeons, plus nous aimons ça, nous sommes devenus des rice-addicts !! Mais comment ne pas aimer cet aliment lorsqu'il est de si bonne qualité et qu'il est préparé avec tant de bons plats par obâ-san ?? Nous aimons, nous en redemandons !!!

 

A deux reprises, notre mission du jour fut de préparer un repas français pour toute la famille. Nous avions donc la cuisine à notre disposition, et le champs libre pour cuisiner ce que nous voulions. Au menu du jour (comme essayaient souvent de pronconcer Nao et Yoh) : salade composée, hachis-parmentier, camembert (made in Japan hein, faut pas rêver non plus) accompagné de pain et crêpes au dessert. Tout le monde s'est régalé, en particulier avec les crêpes. Otô-san à même pris soin de noter les noms de chaque plat, s'entraînant également à les prononcer. Ils furent si ravis qu'il en redemandèrent et invitèrent même leurs amis boulangers au repas. Bon là ça rigole plus, la réputation de la France est en jeu !! Au menu numéro deux : gratin d'asperges au parmesan, poulet au miel, curry et moutarde (une spécialité de Silvia dont je raffole) accompagné de frites françaises faites entièrement à la main, sauce fromage bleu et sauce champignon pour accompagner, re-camembert et re-crêpes en dessert (ils étaient aux anges!!). Petite explication pour les frites : Nous ne pensons pas plus que vous que ce met fait partie du patrimoine gastronomique français, mais apparemment pour le reste du monde, si. Dans chaque pays où nous sommes allés, les restaurants proposant des frites présentaient fièrement les petit bâtonnets de pomme de terre en première page de leur carte de cette façon : « french fries » !!! Ce fut donc un petit clin d’œil de notre part d'en faire pour nos hôtes japonais qui ne doivent pas en manger tous les jours.

 

Lors de notre jour de congé, nous sommes partis avec toute la famille à Sakata, à deux heure de route, pour une journée visite et patrimoine traditionnel japonais. En arrivant, nous sommes allés visiter une authentique maison de samouraï ! Les tatamis, les cloisons coulissantes, les longs corridors, les charpentes basses... Ces maisons sont construites pour pouvoir se défendre contre les attaques ennemies, des corridors étroits pour éviter les lances, des plafonds bas pour éviter le katana... Couplés à des jardins époustouflants. La mousse, le bois et la pierre se marient ici avec une harmonie à couper le souffle ! Après la maison des samouraïs, direction la maison des geishas et des maikos ! Sam et sa famille ayant un pass pour voir des danses de maikos à souhait, nous aurons, nous aussi, cette chance !! Les maikos sont initialement d'apprenties geishas mais la fonction tend à devenir un objectif à part entière car de moins en moins de jeunes filles souhaitent devenir geishas au vu des contraintes et de la difficulté pour y parvenir. Les maikos sont les disciples des geishas qui leur transmettent leur savoir et leur culture, leur apprennent l'art de la danse et les éduquent depuis un très jeune âge. Lors d'une représentation, les maikos sont vêtues d'un yukata (kimono), ont le visage fardé de blanc et sont coiffées dans la plus pure tradition geishas avec des couronnes de fleurs. Leur tutrice geisha les accompagne avec un instrument. Les mouvement des manches de yukata sont rythmés par ceux des éventails, les maikos jouent de leur regard et chaque mouvement parfaitement calculé raconte la musique et l'histoire. Nous sommes absolument submergés, pourtant très loin de tout ce que nous connaissons, cette danse nous hypnotise et nous prend. Nous nous sentons privilégiés. La représentation dure 30 minutes et nous prenons une petite photos souvenir avec les maikos et quelques membres de la famille. Nous finirons la visite de Sakata en visitant un temple bouddhiste/shinto (ces deux religions se mélangent beaucoup au Japon) où sont exposé les momies de deux moines qui se sont cloîtrés sous terre buvant de façon journalière un breuvage empêchant la décomposition de leur corps jusqu'à ce que mort s'ensuive dans le but d'atteindre l'illumination... La religion fait faire des trucs des fois... Bref.

 

Le moment que nous détestons tant est arrivé. Celui des adieux. Nous nous sommes vraiment attachés à cette famille qui a pris soin de nous comme ses pairs, avec qui nous avons partagé tant de bons moments et de rires. Otô-san nous offrira des calligraphies qu'il a fait pour nous, Nao offrira un chouchou à Silvia, mais leur plus beau cadeau fut ces deux semaines passées avec eux. Nous leur laissons un petit carnet de recettes françaises (dont les fameuses cuisses de grenouilles et escargots pour Sam avec qui nous adorions notre petite guéguerre anglais/français). Tout le monde nous accompagne à la gare, même les petits qui refusent de nous lâcher au moment de partir. Nous sommes au bord des larmes, mais je sais que je reviendrais... Ce n'est qu'un au revoir.

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Là où tout fini

 

Thank you the world

 

De retour à Tokyo après une nouvelle nuit tout confort dans le bus, nous avons décidés d'y passer une journée pour visiter le quartier d'Akihabara que nous n'avions pas vu la dernière fois. Mais d'abord, nous allons poser nos bagages dans une auberge de jeunesse japonaise. Nous n'avions pas encore séjourné dans un établissement de ce style au Japon car d'abord, c'est cher, et puis en général, on y dort très mal tellement c'est un repère à backpackers « je m'en foutiste ». Mais bon, on a que ça. Et là, surprise ! Nous trouvons une guest-house très propre, calme, où tout un tas d'informations sont disponibles, un accueil charmant, le thé et le café offert... Bref, un coin très sympa et tranquille, l'inverse complet des auberges de jeunesse occidentales.

 

Une affiche à l'auberge retient notre attention. Il s'agit d'un tournoi de sumo étudiant. Coup de bol, c'est aujourd'hui et le prix n'est que de 16€ la place ! Nous décidons d'y aller de ce pas. Le quartier semble entièrement dédié à l'art sumotori et à son histoire. Ces guerriers légendaires sont considérés comme des demi-dieux dans leur pays. Le stadium est très grand et uniquement dédié à la pratique de cet art martial. Bien qu'il y ait beaucoup de places vacantes à l'intérieur (les étudiants attirent forcément moins de monde que les pros), l'ambiance est au rendez-vous. Et c'est peu dire !! Il y a même dans les gradins des groupes d'étudiants qui scandent des champs de soutient à la gloire de leur école. Ca fait très chant militaire avec leur drapeaux et leur uniformes mais il n’empêche que les pom-pom girls américaines peuvent aller se rhabiller !! Les combattants sont donc étudiants et les âges sont assez variés... Ainsi que les gabarits ! On peut voir un géant bien grassouillet se battre contre un nain encore plus sec que moi !! Les combats ne dure généralement pas plus de quelques secondes. Le but du jeu est de sortir son adversaire du cercle délimité par une corde. Le terrain se trouvant sur une sorte d'estrade en pierre, certain participants chutent lourdement lorsqu'ils se font sortir (voire éjecter) des limites. Silvia et moi avions déjà vu quelques matchs de sumo à la télé et nous avions trouvé cela... Mou. Mais y assister en direct live donne beaucoup plus d'intensité !! L'ambiance et le sport nous prennent et nous transportent dans ce monde et nous regardons avec ferveur et parfois fébrilité ces jeunes se choper la ceinture pour se pousser hors du ring.

 

Un petit repas avalé, nous mettons le cap sur le quartier que nous étions venus voir, Akihabara, la ville électrique de Tokyo. Le quartier est très animé, à l'image de Shibuya, et devient même piétons entre 18h et 21h. Les rues grouillent de monde, les lumières et la musique « manga » nous plongent dans un autre monde. Nous nous baladons dans les magasins, tous étendus sur 6 étages ou plus, où se vendent, figurines, cartes à jouer, posters, goodies et autres produits dérivés des héros de mangas (et au Japon, on en compte quelques milliers!). L'ambiance est tout à fait particulière, le côté bisounours et « kawai » des japonais est le seul maître des lieux. Des gens de tous les âges, et de toutes les catégories sociales se côtoient au milieu des vendeuses habillées façon « cosplay » (déguisement kawai et manga). C'est l'occasion de retomber en enfance le temps d'une balade shopping. On trouve de tout et n'importe quoi (même si le pourcentage de Hello Kitty et Mickey mouse est très élevé), des baguettes en forme de katana aux coques pour Iphone en forme de manette de playstation et on se rappelle la cour de récré avec les pokémons et les cartes yu-gi-ho. Pour les japonais, la cour de récré, c'est pour la vie ! Nous continuons notre visite du quartier où tout est farfelu et coloré. Nous sommes dans un monde parallèle, coloré et plein de... Ben de bisounours ! Silvia n'aura pas autant apprécié que moi manifestement... Dommage.

 

Bien ! Direction Nara maintenant !! La ville aux daims. Notre bus est à 11h30... On est large. Mais même en arrivant 10 minutes en avance (ok, on a traîné), le terminal de bus de Shinjuku est si étendu que nous ne trouverons jamais notre arrêt de bus... Et meeeeeeerdeeeeuuuuuuu !!! 40€ chacun de perdu, et beaucoup plus si on ne va pas à Nara ce soir, l'hôtel étant déjà réservé et non remboursable. Bon, y'a pas trente-six solutions, on va prendre le shinkansen, le fameux train ultra-rapide japonais. Ca coûte 100€ chacun mais on a pas vraiment d'autres options... On voulait le prendre, ce sera chose faite !! 520 km en 2h20 !! Nous arriverons à Nara bien avant notre bus !

 

Nara est une petite ville très agréable constituée essentiellement de rues marchandes et du parc qui abrite des daims en liberté. Ces animaux sont choyés et ont même des vétérinaires pour s'en occuper. Loin d'être farouches, les daims n'hésitent pas à venir fouiller les poches des passants en quête de nourriture où de toute autre chose pouvant être mâchée !! Étant cependant très fatigué, je resterais me reposer à l'auberge tandis que Silvia ira se promener.

 

Nara n'était qu'une courte escale. Nous nous dirigeons maintenant vers Kyoto, l'étape finale de notre voyage. Nous retrouvons Ahmed dans la soirée, un syrien chez qui nous allons passer les quatre prochaines nuit en couchsurfing. Ayant un rendez-vous, il nous laisse seul pour cette première soirée dans l'ancienne capitale. Nous allons nous balader dans un quartier animé que nous a conseillé notre hôte. De suite, la ville nous plaît. On sent parfaitement le côté culturel et artistique qui fait la réputation de la ville. Des animations de rues, des concerts au bord des rives du fleuve, un quartier vivant, illuminé, plein de restaurants et de boutiques, on aime beaucoup. Silvia est très contente de trouver une grande ville qui lui plaît après sa déception de Tokyo.

 

Ahmed est une personne adorable (comme toutes celles que l'on aura rencontré durant notre voyage) et nous conseillera des itinéraires de visite, nous expliquera le fonctionnement des transports en commun et nous emmènera le soir dans des restaurants avec quelques-un de ses amis syriens. Ahmed étant très pris par son travail dans la journée, nous ne serons que tous les deux pour sillonner Kyoto. Nous visiterons donc le célèbre Ginkaku-ji (le fameux pavillon d'or) qui nous décevra quelques peu. Le Kinkaku-ji (le pavillon d'argent) est quand à lui somptueux, avec ses jardins japonais traditionnel en mousse et en pierre, ses temples en bois sculptés... Magnifique !! Un soir Ahmed nous emmènera goûter de vrais sushis japonais. Incomparable !!! Absolument délicieux !! La qualité du poisson est évidente !! Il y a même des sushis au cheval et au canard, tous deux délicieux, mais mon coup de cœur reste sur le saumon, tandis que Silvia est plutôt crabe. Nous y retournerons deux fois où je m'enfilerais pas moins de 14 assiettes !! Le samedi, Ahmed étant libre, il nous emmènera visiter les temples le long du chemin de la philosophie, un petit cours d'eau tranquille et à l'ombre très sympa où il fait bon se balader. Nous verrons des temples tous plus beaux les uns que les autres, notamment le fushimi-inari, le temple aux mille toris rouge !! Les toris, se sont ces espèces d'arches en bois qui font office de portes. Dans ce temples, elles se suivent sur 4 km formant comme un tunnel à travers les bois et la montagne. Absolument splendide !! Nous sommes surpris de voir la masse d'étudiants et de lycéens en sortie scolaire chaque jour. A croire qu'ils ne sont jamais en cours !! En effet, à chaque temple visité, nous aurons fais face à une foule de chemises blanches et de jupettes bleues grouillants dans les boutiques des temples, achetant tout ce qui leur passe sous la main !! Ils sont riches les mômes dans ce pays ! Allez, on va faire mine de bosser un peu quand même, on va interviewer les deux français là-bas. Il est rigolo de voir que l'interview se déroule exactement dans les même circonstances qu'avec les étudiantes indonésiennes. Mêmes questions, même nombre d'étudiants, la petite photo souvenir à la fin du questionnaire... Bon avec la pose japanese style quand même la photo ;) .

 

C'est l'heure du départ... Ça y est, c'est la fin de ce voyage de 7 mois, Ahmed nous accompagne au terminal de bus pour un dernier voyage en bus de luxe pour Tokyo (avec console de jeu intégrée s'il vous plaît!!). Une dernière nuit en aéroport et notre avion décolle vers le vieux continent.

 

J'aurais passé les 7 plus beaux mois de ma vie et j'appréhende mon retour en France, bien que j'ai hâte de retrouver ma famille. Mais la fin d'un voyage n'est qu'un passage vers le début d'un autre, et déjà un bon nombre de projets fourmillent dans ma tête. Quand au Japon, le pays que j'avais toujours voulu voir, j'y reviendrais pour sûr !!

 

On the road again... Very soon ;)

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